by Sebastián Marincolo
on 03/09/2014
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Cannabis News
Culturel
Dès son second protocole consacré à ses expériences avec le haschisch et rédigé en 1927, Walter Benjamin explique une expression qu’il dit avoir empruntée à son ami Ernst Joël1 :
« Glissement fonctionnel. Je dois cette expression à Joël. Voici l’expérience qui m’y a fait penser : Kafka me remet un livre, dont je lis le titre “Betrachtung”. Mais immédiatement, le livre devient pour moi ce qu’un livre entre les mains d’un poète devient pour le sculpteur académique chargé de réaliser une statue de ce poète. Il fait instantanément partie intégrante de la structure physique de mon corps (...) » 2
En d’autres termes : sous influence, Benjamin perçoit d’abord le livre dans sa fonction habituelle, il en lit le titre, mais à ce moment-là, un glissement s’opère dans sa perception de la fonction du livre, et il le voit soudain tel que le ferait un artiste, comme un objet devant être sculpté dans la pierre. Alors que Benjamin est sous influence, cela ne suscite pas d’autres pensées intéressantes, mais comme je vais l’expliquer maintenant, Benjamin vient de décrire en détails un mécanisme psychologique fondamental pour le développement de nouvelles idées – l’un des mécanismes systématiquement déclenchés sous influence de cannabis, dont je crois qu’il permet d’expliquer pourquoi un si grand nombre de consommateurs rapportent avoir eu tellement d’idées créatives sous influence.