Le cannabis en Colombie – lois, utilisation et histoire

Le drapeau colombien et une personne dans uniforme militaire tenant une mitrailleuse

La Colombie est connue pour le trafic de drogue. Pour essayer d’y remédier, le gouvernement a dépénalisé l’utilisation personnelle de toutes les drogues, dont le cannabis. Cela a compris la dépénalisation de la culture jusqu’à 20 plantes chez soi. Toutefois, le décret du Président Ivan Duque de 2018 a une nouvelle fois resserré les lois sur la drogue.

    • Capitale
    • Bogotá
    • Habitants
    • 51,854,000
    • Produits CBD
    • Décriminalisée
    • Cannabis récréatif
    • Décriminalisée
    • Cannabis médicinal
    • Légal since 2015

Les lois sur le cannabis en Colombie

Peut-on posséder et utiliser du cannabis en Colombie ?

En 1994, le gouvernement de Colombie a dépénalisé l’utilisation personnelle et la possession du cannabis. Il a également dépénalisé d’autres drogues plus « dures », comme la cocaïne. À l’époque, la décision a éveillé une forte opposition – notamment des USA, qui l’a vue comme une tentative de compromettre la « guerre contre les drogues ».

La loi a été précisée en 2012. Elle établissait que toute personne prise avec 20 grammes de cannabis ou moins ne serait pas poursuivie, mais qu’un traitement pourrait lui être recommandé, selon le « degré de dépendance » lors de la détention. Toutefois, cela ne serait valable que si l’on trouvait du cannabis dans une résidence privée – l’utilisation publique était toujours illégale, indépendamment de la quantité.

En 2018, cette approche relativement progressive a essuyé des tirs. Le nouveau président de la Colombie, Ivan Duque, a signé un décret établissant que la police pourrait confisquer des petites quantités de cannabis, et ce même si elles étaient destinées à son utilisation personnelle.

« Nous sommes en train de signer un décret », a-t-il dit, « qui dote la police d’outils pour retirer les drogues des rues de nos villes et, bien sûr, pour détruire toute dose. »

Le nouvel amendement à la loi ne prévoit l’application d’aucune sanction pénale aux délinquants, mais plutôt l’application d’amendes jusqu’à 208 000 pesos.

Les organisations de liberté civile comme DeJusticia se sont opposées au décret, le qualifiant d’« inefficace et coûteux » et ont mis l’accent sur le fait qu’il ne faisait aucune distinction entre « consommation problématique et occasionnelle ou récréative ».

Elles ont ajouté : « Il ne contribue pas à la résolution du problème de la drogue, au contraire, il encourage la discrimination et la stigmatisation des personnes qui en consomment. »

Une personne qui roule un joint

Peut-on vendre du cannabis en Colombie ?

Il est illégal de vendre ou de fournir du cannabis en Colombie. Si une personne est prise avec 20 grammes de cannabis ou plus, on estime qu’elle a l’intention d’en vendre et une peine de prison peut alors être appliquée. Pour le trafic de drogue, la peine maximum peut aller jusqu’à 20 ans d’emprisonnement – bien plus que pour le viol.

Le trafic de drogue est un problème sérieux en Colombie, bien que la cocaïne soit considérée comme étant le principal produit du « marché noir », plutôt que le cannabis. 

Peut-on cultiver du cannabis en Colombie ?

En 2015, le gouvernement colombien a modifié les lois existantes et dépénalisé la culture du cannabis. De nos jours, on n’estime que cultiver jusqu’à 20 plantes n’est pas une infraction criminelle, mais uniquement si c’est pour un usage personnel.

Toute autre forme de culture de cannabis est illégale. Malgré cela, de nombreux agriculteurs du pays en cultivent ; souvent comme moyen de subvenir aux besoins de leurs familles.

Le CBD est-il légal en Colombie ?

Le gouvernement de Colombie autorise l’exportation d’huile de CBD (indépendamment des taux de THC) vers d’autres pays. Toutefois, la loi ne fait aucune distinction entre la consommation de CBD et la consommation de cannabis ; ainsi, techniquement, son statut légal dans le pays est « dépénalisé ».

Ainsi, en consommer dans une résidence privée ne constitue pas une infraction criminelle, mais uniquement s’il s’agit de faibles quantités. Sous le nouveau décret du Président Duque, les autorités peuvent saisir l’huile de CBD et une amende peut être appliquée si l’utilisateur est pris.

La formule chimique de la CBD et une plante de cannabis

Est-il possible d’envoyer des graines de cannabis en Colombie ?

La Loi 1787 de 2016 autorise l’utilisation de graines de cannabis (et la vente, l’importation, le commerce, le stockage et le transport) en Colombie, pour autant que ce soit pour des finalités médicales ou scientifiques.

Pour posséder des graines en toute légalité pour ces finalités, l’entreprise doit obtenir une licence et s’inscrire auprès de l’Institut colombien de l’agriculture et de l’élevage. Elle doit aussi être préalablement certifiée par l’Institut national de surveillance des aliments et des drogues.

Pour toutes autres finalités, les graines de cannabis sont illégales et ne peuvent être utilisées, achetées ou vendues. Si elles sont utilisées pour cultiver des plantes pour un usage personnel, il s’agit toujours d’un acte dépénalisé mais qui peut conduire à une amende et à la saisie du cannabis.

Le cannabis médical en Colombie

En 2015, le président Juan Manuel Santos légalise officiellement le cannabis à usage médical.

Avant cela, le cannabis médical occupait une zone d’ombre. La loi de 1986 a autorisé sa production, sa distribution et la vente, mais ce n’était pas une industrie réglementée. Après avoir voté la nouvelle loi, le Président Santos a affirmé que les nouvelles règles représentaient « un pas important qui met la Colombie au premier plan de la lutte contre les maladies. »

Désormais, toute personne souhaitant cultiver du cannabis pour des raisons médicales doit obtenir une licence auprès du Conseil National des Stupéfiants.  Les médicaments peuvent être utilisés pour traiter plusieurs maladies, y compris le SIDA/VIH, des crises, des nausées sévères, l’épilepsie et la maladie de Crohn.

L’industrie du cannabis médical

Les premières licences de culture ont été attribuées en 2017, les entreprises colombiennes et étrangères souhaitant commencer à cultiver du cannabis dans le pays. L’industrie a d’abord commencé à la périphérie de Medellin – ce qui est curieux puisque c’est précisément là où Pablo Escobar a commencé son trafic de drogue dans les années 70, avant de devenir le « Roi de la cocaïne » du pays.

Andres Lopez Velasco, Directeur du Fonds National des Stupéfiants, commente : « Le message est : suivez la route légale avec la marijuana. Vous pouvez garder votre savoir-faire et vos connaissances sur la culture. Mais faites-le légalement. »

Dès lors, les agriculteurs locaux, qui fournissaient autrefois le marché noir, souhaitent devenir des entreprises légales. Cela est notamment le cas entre les communautés indigènes de Colombie.

Le chanvre industriel en Colombie

Le climat de la Colombie est idéal pour cultiver du chanvre et ce pays est bien placé pour devenir un acteur principal du marché mondial. Toutefois, de nos jours, il est illégal d’en cultiver, à moins que ce soit pour des finalités médicales ou de recherche.

Les experts font pression pour légaliser l’industrie du chanvre industriel – en mettant l’accent sur les avantages économiques, notamment pour la production du papier et des fibres, et pour l’utilisation dans la nourriture. Il reste encore à voir s’ils auront du succès à l’avenir.

Plantes de chanvre industrielles poussant à l'extérieur

Bon à savoir

Si vous vous rendez en Colombie (ou si vous y vivez), ces informations pourront vous intéresser :

  • la Colombie cultive du cannabis, mais sa principale récolte de drogue illégale est la cocaïne. Les chiffres de 2017 montrent que 171 000 hectares ont été consacrés à la culture de la plante et le pays est toujours l’un des fournisseurs de cocaïne les plus importants.
  • Avec la légalisation du cannabis médical, les experts de l’industrie prévoit que le marché potentiel de Colombie s’élève à six millions de patients.
  • L’investissement étranger dans le marché du cannabis médical de Colombie est important. En 2018, sept entreprises canadiennes ont commencé à travailler dans le pays, notamment parce que la production d’un gramme de cannabis coûte environ 5 centimes (contre 1,50 $ dans leur pays).

Histoire du cannabis

En ce qui concerne les drogues, le passé problématique de la Colombie est bien documenté. Bien que les autorités ne se soient jamais réellement souciées du cannabis (elles se concentraient surtout sur la capture de magnats de la cocaïne, comme Pablo Escobar), pendant plusieurs décennies, il y a eu un marché noir de cannabis florissant.

En Colombie, le commerce des drogues a vraiment décollé dans les années 70. Vulnérable et appauvri par les agitations politiques et sociales, le cadre était idéal pour le trafic illégal de drogues. À ce moment, on estime que le  pays fournissait sept dixième du cannabis importé aux USA. Grâce aux profits du commerce du cannabis, les magnats des drogues ont pu commencer à produire de la cocaïne.

La situation atteint son apogée en 1985, lorsque les guérillas M19 ont pris le gouvernement d’assaut et fait plusieurs otages. Pour le grand public de Colombie, cela a répandu un message clair. Les autorités avaient perdu le contrôle et les cartels de la drogue étaient aux commandes.

Cette idée est renforcée en 1990, lorsque des trafiquants ont assassiné trois candidats aux présidentielles. Des négociations ont suivi avec les organisations de la drogue, conduisant à la capitulation de la plupart des leaders du cartel de Medellin.

Bien que la situation ne soit pas aussi grave que dans les années 70, il est indéniable qu’il existe toujours un marché illégal de drogues en Colombie. Toutefois, la légalisation de la culture du cannabis pour des fins médicales a changé les règles du jeu – les cultivateurs légaux évoluent désormais dans des plantations illégales.

Plante de cannabis en or colombienne

Colombian Gold

La souche de cannabis la plus connue de Colombie est sans aucun doute la Colombian Gold. C’est une sativa locale typique, que l’on estime provenir de la région montagneuse de Santa Marta. Ses bourgeons cotonneux et couverts de cristaux lui donnent un aspect distinct et elle produit une odeur facilement reconnaissable – citronnée, douce et skunky. On en rapporte souvent un effet d’euphorie et énergisant.

Attitudes envers le cannabis

En Colombie, les attitudes envers le cannabis sont très mitigées. D’une part, ceux qui se souviennent des jours des cartels de la drogue sont réticents à l’idée que le cannabis soit légalisé ; à cause de perceptions négatives et du fait que légalisation serait favorable, d’une certaine façon, au trafic dans le pays.

L’actuel président de la Colombie est également contre l’utilisation de cannabis. Alors que beaucoup de personnes ont soutenu son décret pour décourager l’utilisation du cannabis, d’autres ont vivement protesté contre. En réalité, la plante passionne plusieurs personnes en Colombie et souhaitent sa légalisation totale.

Le cannabis sera-t-il légalisé à l’avenir ?

Il est difficile de prédire ce que l’avenir réserve à la Colombie et au cannabis. Alors que la dépénalisation de l’utilisation personnelle (et la légalisation totale pour des fins médicales) suggère une avancée sérieuse, le récent décret du Président marque un pas en arrière – et une approche encore plus conservatrice dans l’immédiat.

  • Disclaimer:
    Bien que nous ayons déployé tous les efforts possibles pour assurer l’exactitude de cet article, son contenu n’est pas destiné à fournir un avis juridique ; chaque situation est différente et impose de consulter un expert et/ou un avocat.

Comments

1 réflexion sur “Le cannabis en Colombie – lois, utilisation et histoire”

  1. Malheureusement depuis deux ans, les cours du café sur les marchés mondiaux sont en chute libre, ce qui ne s’explique pas que par le fait que l’offre excède la demande.

    Les spéculations de fonds d’investissement à la bourse de New York en sont grandement responsables, a déclaré Roberto Vélez, président de la Fédération des caféiculteurs de Colombie.

    https://fr.sputniknews.com/economie/201809041037953772-industrie-cafe-victime-jeux-bourse-colombie/

    La question est comblée … mais pas les fermiers !

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    Sensi Seeds

    L’équipe de rédaction de Sensi Seeds regroupe des botanistes, des experts médicaux et juridiques ainsi que certains des activistes les plus renommés tels Dr Lester Grinspoon, Micha Knodt, Robert Connell Clarke, Maurice Veldman, Sebastian Marincolo, James Burton et Seshata.
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  • Maurice_Veldman

    Maurice Veldman

    Maurice Veldman est membre de l’Association néerlandaise des avocats criminalistes et il est l’un des avocats en matière de cannabis les plus réputés des Pays-Bas. Avec ses connaissances du droit administratif et pénal acquises au cours de 25 années d’expérience, il défend les vendeurs de cannabis et les producteurs de chanvre en faisant valoir les inégalités entre les individus et l’Etat
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