L’actuelle situation de légalisation du cannabis dans le monde a été un encouragement important derrière l’effort de recherche sur les effets physiques du cannabis. Le tournant pour étudier ses effets sur le mouvement du corps est arrivé. Le cannabis affecte-t-il notre démarche ?
De nombreuses recherches sur les effets physiques du cannabis sont actuellement disponibles et mises à jour en permanence avec de nouvelles découvertes. L’actuelle situation de légalisation du cannabis récréatif et médical a été un encouragement important derrière l’effort de recherche. La manière dont les phytocannabinoïdes affectent-ils le corps humain et leur interaction avec notre système endocannabinoïde est devenue un important sujet d’étude.
Penchons-nous désormais sur un aspect qui n’a pas encore fait l’objet de beaucoup d’études. Le cannabis affecte-t-il notre démarche et notre équilibre ? Une étude de l’université australienne dévoile ses découvertes à ce sujet.
Les reconnaîtrez-vous à leur démarche ?
Il semble que la manière dont l’utilisation du cannabis affecterait certaines parties de notre système psychomoteur – et donc notre équilibre et notre démarche – n’a pas encore été très étudiée à ce jour. Pour régler cela, un groupe de chercheurs australiens a publié une étude dans l’édition de septembre 2017 du magazine Drug and Alcohol Dependence qui analyse la relation entre l’utilisation du cannabis et la démarche après la consommation.
Il a d’ores et déjà été prouvé que les récepteurs cannabinoïdes se trouvent dans les régions du cerveau directement concernées par le contrôle des mouvements, plus précisément dans les noyaux gris centraux, le cortex cérébral et le cervelet. En outre, l’utilisation régulière de cannabis a été associée à des modifications structurelles et fonctionnelles au niveau cérébral.

C’est pourquoi, cette équipe de recherche s’est concentrée sur l’analyse des effets du cannabis sur des utilisateurs réguliers, en plus d’étudier comment il affecte la capacité à garder l’équilibre et la démarche.
Méthodologie d’étude
Pour cette étude, un total de 44 personnes – entre 20 et 30 ans – ont été divisées en deux groupes de 22 personnes. Le premier groupe était composé de personnes n’ayant aucun historique d’utilisation illégale du médicament, tandis que le deuxième était composé de personnes ayant déjà consommé de la marijuana, mais aucune autre substance.
Les 44 membres de l’échantillon ont été soumis à plusieurs tests afin d’analyser les effets des cannabinoïdes sur l’appareil moteur. Des analyses ont d’abord été faites pour vérifier la présence de cannabis, puis ils ont fait un test de démarche et d’équilibre (à l’aide d’un système de capture de mouvement et d’analyse neurologique clinique des mouvements pour chaque sujet).

Conclusions
Après avoir étudié le comportement des utilisateurs et des non-utilisateurs de cannabis dans leur déplacement, les chercheurs sont vite arrivés à plusieurs conclusions. D’une part, les comportements ont confirmé certaines données dont ils disposaient déjà et, d’autre part, ils ont apporté des informations qu’ils ignoraient jusqu’alors.
Selon l’étude, les différences étaient pratiquement inexistantes entre les deux groupes en ce qui concerne la vitesse de la marche, l’équilibre et les paramètres neurologiques pendant la marche.
Toutefois, il semblerait que le cannabis affecte les utilisateurs réguliers lors de la marche, de la manière suivante :
- un mouvement du genou plus ample et plus rapide ; les genoux des utilisateurs de cannabis était 7 % plus rapides que ceux des non-utilisateurs pour la distance parcourue ;
- Ils avaient tendance à moins bouger leurs épaules ; la posture de leurs épaules est moins souple et plus rigide.
Les découvertes de cette recherche – qui contrarient les résultats des études précédentes – concluent que bien que l’utilisation du cannabis soit associée à de légères modifications de certains aspects des capacités motrices d’une personne, elles sont si insignifiantes qu’elles sont presque imperceptibles sur le plan clinique.
D’après Verity Pearson-Dennett, l’un des auteurs de l’étude, « les modifications de la marche étaient si insignifiantes qu’un neurologue spécialisé en troubles du mouvement n’a pas réussi à détecter des changements chez tous les utilisateurs de cannabis ».

Ce que les recherches précédentes ont prouvé
En 2006, une étude publiée dans Neuropsycopharmacology a conclu que l’utilisation du cannabis avec de fortes teneurs en THC (13 %) conduit à la dégénérescence de la fonction exécutive et de la motricité inhibitrice. Il semblerait que les lacunes présentées par les utilisateurs de cannabis six heures après la consommation, ainsi que les modifications au niveau de l’équilibre, étaient plus évidentes les deux premières heures.
Les effets étaient moins évidents au bout de quatre heures. Toutefois, les études contrôlées avec des doses de THC plus basses ont été recommandées pour des résultats plus fiables.
Deux ans plus tard, en 2008, une autre étude a constaté un changement évident de la stabilité corporelle et de l’équilibre chez les sujets lorsque des doses à forte teneur en THC leur étaient administrées.
Ces études semblent indiquer une certaine relation entre prendre une dose considérable de cannabis et une utilisation fréquente et l’aspect des variations en mouvement. Toutefois, notez que l’échantillon de 2006 n’était composé que de 20 personnes entre 19 et 29 ans (quatorze hommes et six femmes).

Réserves sur les découvertes
De par la petite échelle de cette étude, et de celles mentionnées avant, nous ne pouvons pas oublier qu’il existe une forte marge d’erreur concernant ces conclusions. Les chercheurs eux-mêmes reconnaissent que plus d’études (et à plus grande échelle) sont nécessaires pour déterminer quels procédés et dans quelle mesure le cannabis affecte les mouvements corporels. Il est clair que certaines questions doivent toujours être réglées.
« D’autres recherches sont nécessaires pour analyser si les légères modifications de la démarche constatées dans cette population, sont plus évidentes avec l’âge et l’utilisation accrue de cannabis », rapporte l’étude.
N’oublions pas que la science n’est pas non plus parfaite et qu’elle n’a pas toujours raison. C’est pourquoi, les limitations d’une étude permettent aux experts de savoir les recherches qui doivent encore être faites.
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