L’épidermolyse bulleuse (EB) désigne un groupe de maladies rares, potentiellement mortelles et parfois génétiques caractérisées par une peau très fragile qui fait des cloques au moindre traumatisme physique. L’EB présente des similarités avec d’autres maladies de peau comme la dermatite ou le psoriasis, pour lesquelles le cannabis a un effet bénéfique.
En vertu de la rareté des cas d’EB (environ 19 sur un million de naissances aux E.-U.), très peu de recherche a été faite sur le potentiel du cannabis dans le traitement et possiblement la guérison de cette maladie. Cependant, des solides preuves appuient son utilité dans le soulagement des symptômes :
1. Le cannabis comme analgésiques (soulagement de la douleur)
Un symptôme quasi omniprésent de l’épidermolyse bulleuse que le cannabis peut aider à traiter est la douleur chronique due aux cloques et aux plaies sur la peau (ainsi que les complications ultérieures comme la perte, la déformation ou la fusion de doigts ou d’orteils). Divers patients témoignent en ligne de l’efficacité du cannabis à gérer les douleurs liées à l’EB, et de nombreux médecins et dispensaires répertorient les douleurs de l’EB comme traitables au cannabis.
Aucune recherche ne s’est penchée sur la douleur chronique engendrée par l’EB, mais une méta-analyse appuie le pouvoir analgésique du cannabis pour la douleur chronique en général.
Miguel Garcia, un américain qui souffre d’EB a documenté sa consommation de cannabis pour soulager ses symptômes. Dans une vidéo parue sur YouTube, il remarque que le cannabis l’a aidé à « museler physiquement la douleur » au point où il a pu complètement cesser d’utiliser des antidouleurs à base d’opioïdes, comme l’hydrocodone ou l’oxycodone.
2. Le cannabis comme antiprurigineux (anti-démangeaison)
Le prurit (démangeaison) est un autre symptôme universel de l’EB. Il y a un relativement grand nombre d’articles et d’écrits qui attestent du fait que le cannabis et certains cannabinoïdes synthétiques peuvent agir comme antiprurigineux en cas d’EB ou d’autres troubles associés.
- En 2002, on a démontré que l’agoniste synthétique HU210 améliorait les prurits liés à l’histamine dans la dermatite atopique;
- En 2012, une équipe de chercheurs japonais (Odan et coll.) a découvert un agoniste des récepteurs CB, qu’ils ont appelé S-777469, et un agoniste des CB1/CB2, baptisé S-444823. Ces deux agonistes ont significativement réduit les démangeaisons sans entraîner de psychoactivité.
- En 2005, il a été démontré que les récepteurs CB1- et CB2 étaient présents dans les fibres nerveuses sensorielles et les structures adnexales de la peau (comme les follicules pileux ou les glandes sébacées), et qu’ils jouaient un rôle important dans le soulagement des démangeaisons et de l’inflammation.
3. Tirer profit des propriétés anti-inflammatoires du cannabis
On pense que des réponses immunitaires inflammatoires sont la cause des cloques dans de nombreux cas d’EB. Il a été démontré que le cannabis était efficace contre les inflammations cutanées de nombreux troubles liés, et il y a sur le Web de nombreux témoignages de patients mentionnant cette efficacité. On pense maintenant que la présence de récepteurs cannabinoïdes cutanés est cruciale pour la régulation de diverses réponses immunitaires, y compris la régulation du stress oxydant et de la mort cellulaire programmée, ainsi que les démangeaisons et les inflammations.
Le mécanisme par lequel le cannabis exerce ses effets anti-inflammatoires est complexe et encore mal compris. On pense que le THC et le CBD ont tous deux des propriétés anti-inflammatoires, et que même si les récepteurs cannabinoïdes sont impliqués dans ce processus, d’autres mécanismes indépendants y jouent également un rôle.
Une étude de 2013 menée par des chercheurs de l’université de Bonn, en Allemagne, a démontré que des souris sauvages et des souris knock-out dont les récepteurs CB étaient désactivés voyaient leurs symptômes de dermatite soulagés lorsqu’on leur appliquait localement du THC, indiquant que ce mécanisme ne dépend pas des récepteurs CB.
Il y a cependant des preuves que les agonistes aux récepteurs CB comme le THC ou l’agoniste endogène 2-AG peuvent provoquer une inflammation de la peau. Cet effet peut être diminué par l’application d’antagonistes comme le CBD. Inversement, il y a également des preuves que le 2-AG peut inhiber l’inflammation par le biais du récepteur CB2.
Ainsi, la relation précise entre les endocannabinoïdes, les récepteurs CB et les réponses immunitaires inflammatoires dans la peau n’est pas claire, et améliorer notre compréhension des mécanismes en œuvre nous permettrait de développer des traitements ciblés pour l’EB et d’autres troubles liés.
4. Réduire les infections en utilisant le cannabis comme agent antibactérien
Une complication courante de l’EB est une infection due à l’exposition de la peau crevassée aux pathogènes présents dans l’environnement naturel. En plus de causer des douleurs, les plaies infectées peuvent se nécroser et finir par affecter la santé générale du patient (ou freiner le développement d’un enfant). Les bactéries infectieuses les plus courantes chez les personnes souffrant d’EB sont les staphylocoques, les streptocoques, les dipthéroïdes, les pseudomonas et les candidas.
Encore une fois, rares sont les recherches menées sur la capacité du cannabis à combattre les infections bactériennes chez les patients souffrant d’EB. Pourtant, de nombreuses preuves indiquent que le cannabis a un effet antibactérien important sur diverses bactéries courantes, autant in vitro qu’in vivo, ainsi que dans le traitement de plusieurs maladies graves.
Des médicaments antimicrobiens à base de cannabis existent depuis l’antiquité. À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, des chercheurs en avance sur leur temps ont commencé à documenter la consommation du cannabis par les patients se soignant de manière traditionnelle et, dans de nombreux cas, à démontrer la véracité des cas par le biais de nouvelles méthodes empiriques.
En 1960, un papier qui a fait date a été publié, démontrant la capacité de l’extrait de cannabis à détruire plusieurs espèces de staphylocoques et de streptocoques ; depuis lors, de nombreux autres articles ont conclu que le cannabis peut également tuer les pseudomonas et les candidas.
Il est clair qu’il reste beaucoup de travail avant de comprendre avec précision les différentes manières dont le cannabis peut aider à traiter cette maladie peu étudiée. Cependant, les données existantes suggèrent que le cannabis, utilisé comme traitement de l’épidermolyse bulleuse, peut en soulager les symptômes de plusieurs manières, et que de nouvelles recherches sont nécessaires.
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