Qu’est-ce que le Kava (Piper Methysticum) et comment est-il utilisé?

Plantes et feuilles de kava

L’intérêt pour le Kava augmente car l’apaisement et l’euphorie qu’il procure pourraient combattre l’anxiété. Il a été utilisé dans le Sud Pacifique pendant des siècles à des fins religieuses, sociales et médicinales. Les kavalactones dans la racine pourraient avoir des bienfaits pour l’anxiété mais aussi pour d’autres maladies.

Le Kava ou Kava-kava (Piper methysticum) est une espèce originaire du Sud-Ouest de la région Pacifique et peut être trouvé partout en Mélanésie et en Polynésie, ainsi que dans certaines régions d’Australie. L’utilisation culturelle de cette plante pour ses propriétés sédatives est très répandue partout dans la région, en particulier au Vanuatu, à Hawaii, aux Fidji, aux Tonga et aux Samoa.

C’est une des 3 plantes de type Piper les plus importantes pour l’économie avec le P. nigrum (poivre noir) et le P. betle (bétel).

Caractéristiques du kava

Le kava est un arbuste pérenne érigé, qui peut faire jusqu’à sept mètres de haut (bien qu’il fasse en général entre 2 et 3m). Le kava a des tiges boisées, un feuillage vert foncé avec du jaune pâle, de petites fleurs et un arôme poivré caractéristique des espèces de la famille des Pipéracées. Les feuilles sont cordiformes (en forme de cœur) et larges, elles font jusqu’à 13-20cm de long comme de large.

Les petites fleurs apparaissent très rarement et ne sont pas capables de produire des graines même quand elles sont pollinisées à la main. Au lieu de cela, la plante se reproduit de manière asexuée, grâce à ses rhizomes (tiges souterraines), qui poussent latéralement à travers le sol, envoyant des racines vers le bas et des nouvelles tiges vers le haut à chaque entre-nœud. Ce sont les rhizomes qui sont utilisés dans les préparations traditionnelles à base de kava, bien que certains produits de moins bonne qualité puissent contenir d’autres parties de la plante.

Les effets du kava

Le nom scientifique Piper methysticum se traduit littéralement par ‘poivre enivrant’. Les composés phytochimiques responsable de l’effet euphorisant produit par la plante sont connus sous le nom de kavalactones et au moins dix-huit d’entre-eux ont été identifiés jusque-là.

En plus de produire un effet sédatif, le rhizome de kava est connu pour agir en tant qu’anesthésique topique (il engourdit notamment les lèvres et la langue quand il est consommé). Le kava produit également un effet relaxant et légèrement euphorisant et il est souvent signalé qu’il remonte le moral lors d’humeurs dépressives, provoque une clarté mentale et rend le consommateur plus sociable et bavard.

Les effets commencent généralement à se faire sentir 30 minutes après la consommation et durent environ deux heures. Des doses plus fortes peuvent durer jusqu’à huit heures et certains des cultivars les plus puissants provoquent des effets pouvant durer jusqu’à 48 heures.

Distribution & habitat du kava

Il y a des dizaines de cultivars de kava—plus de soixante-dix ont été enregistrés jusque-là, bien que tous ne soient pas propres à la consommation humaine. Le progéniteur sauvage supposé du kava, le Piper wichmannii, est originaire du Nord du Vanuatu et on pense que c’est là-bas que le kava a été domestiqué pour la première fois—peut-être sur l’île de Pentecôte ou Maewo. Le Vanuatu est aussi le plus grand producteur de kava au monde et est considéré comme une patrie spirituelle.

Le Kava Act de 2002 n’a listé que 28 cultivars ‘nobles’ dont la puissance et les effets sont idéaux; tout le kava produit pour l’export doit faire partie de la liste.

Les tests génétiques ont démontré qu’il n’y a pas de différence entre les deux espèces et que le P. methysticum n’est pas strictement une espèce mais plutôt un groupe de cultivars stériles de P. wichmannii. Afin de refléter cela, une nouvelle taxonomie a été proposée P. methysticum var. methysticum pour les cultivars modernes et P. methysticum var. wichmannii pour les populations sauvages.   

Le kava ne répond pas bien à la lumière du soleil et pousse mieux dans des sols bien aérés et drainés qui reçoivent plus de 2.000ml de précipitations par an. La température doit être comprise entre 21 et 35°C avec une humidité relative de 70 à 100%. Étant donné que les spécimens sauvages de la plante sont pratiquement inconnus, leur distribution se limite aux endroits où ils sont cultivés par les humains. Ces endroits sont situés en Polynésie, Mélanésie, certaines zones de la Micronésie et du Nord de l’Australie.

Comment est cultivé le kava ?

Le kava est généralement multiplié en cassant les rhizomes ou en retirant les excroissances (nouveaux rhizomes ‘fils’) qui en sortent. Les excroissances ou tronçons de rhizome sont ensuite plantés directement dans un terreau de rempotage humide et bien fertilisé.

Rhizomes kava empilés

Autrement, il peut être multiplié en utilisant des tronçons de la tige extérieure, qui sont coupés avec une lame stérile sur de jeunes tiges boisées et placés directement dans le sol. Couper les tiges nécessite des conditions humides et une température entre 20 et 25°C.

Le kava nécessite une abondance de nutriments et un sol aéré et bien drainé pour s’épanouir. Traditionnellement, les fertilisants utilisés pour le kava contiennent du humus, du fumier décomposé et des fientes d’oiseaux. Plusieurs producteurs de kava modernes pratiquent toujours les techniques organiques traditionnelles. En fait, le Vanuatu a des lois en vigueur qui stipulent que tout le kava qui y est produit doit être cultivé de manière organique.

Le kava doit avoir assez de place et de profondeur dans le sol pour que ses racines puissent se développer. Il doit également être arrosé souvent et abondamment mais il ne doit jamais rester dans l’eau car cela pourrait abîmer les poils fins de ses racines et empêcher sa croissance. Le kava est généralement récolté quand il a atteint sa concentration maximale en kavalactones après trois ou quatre ans de croissance. Cependant, les kavas commerciaux sont souvent coupés au bout de dix-huit mois.

Comment est préparé le kava?

Dans les communautés insulaires traditionnelles où se trouve le kava, les rhizomes frais sont généralement préparés broyés, écrasés ou moulus, une petite quantité d’eau étant ajoutée à l’humidité déjà générée par le rhizome lui-même. La pâte riche en amidon qui en résulte est ensuite ajoutée à de l’eau froide et consommée immédiatement.

Processus de préparation kava

Les rhizomes de kava frais peuvent aussi être mâchés. Avec cette méthode, les résultats sont immédiats et l’effet anesthésiant est particulièrement prononcé. Le rhizome frais est bien plus puissant que sa version séchée et il est utilisé plus fréquemment par les communautés traditionnelles, bien que sur certaines îles (surtout aux Fidji), les préparations séchées soient la norme.

Les préparations commerciales sont généralement disponibles sous forme séchée ou en poudre, bien qu’il soit également possible d’acheter du rhizome frais congelé dans certains magasins spécialisés. Plusieurs préparations commerciales contiennent d’autres parties de la plante que les rhizomes, telles que les feuilles et les tiges. On pense que certains de ces produits de basse qualité sont responsables de problèmes de santé liés à la plante.

Les hommes préparant le kava de la manière traditionnelle

Utilisation culturelle & traditionnelle du kava

Sur chaque île où est cultivé le kava, son utilisation culturelle a été établie, que ce soit à des fins spirituelles, sociales ou simplement récréatives. Au Vanuatu, l’utilisation du kava dans les zones urbaines est avant tout sociale et récréative et les femmes comme les hommes y prennent part; les bars à kava foisonnent et leur nombre est en constante augmentation depuis que le pays a obtenu son indépendance en 1980. Dans les zones rurales, l’utilisation du kava est plus traditionnelle et ritualisée, est réservée aux hommes et il est consommé le soir dans des bâtiments appelés des nakamals.

Aux Fidji, le kava est aussi appelé yaqona et est largement consommé socialement par les hommes et les femmes. Dans un contexte social, la consommation de kava est informelle et décontractée. Cependant, des rituels plus formels sont aussi observés partout sur l’île. Pendant ces cérémonies, des coupes contenant du jus de de kava broyé circulent et les participants doivent boire le contenu de leur coupe d’une seule traite. Avant de boire, ils doivent taper une fois dans leurs mains; après avoir bu, il est d’usage de frapper trois fois dans ses mains, pour signifier sa gratitude.

Est-ce que le kava est bon pour la santé? Le kava et la toxicité du foie

À cause d’un certain nombre de cas de lésions au foie résultant de la consommation de produits à base de kava librement commercialisés, plusieurs études ont été commissionnées pour enquêter sur leur potentiel effet hépatotoxique. Les résultats ont entraîné l’interdiction du kava dans l’Union Européenne en 2002, malgré le fait que l’effet hépatotoxique ait seulement été constaté sur un petit nombre d’individus.

Cependant, plus récemment, l’interdiction a été remise en cause dans un tribunal allemand puis annulée en Allemagne. Il a été estimé que les bienfaits l’emportaient sur les risques potentiels.

Les chercheurs allemands qui ont étudié le cas ont découvert que seul un faible nombre des cas qui avaient été étudiés à l’origine avaient un lien direct avec la consommation de kava. On pense que la majorité des cas résultaient de la consommation d’alcool ou d’autres substances en plus du kava. D’autres cas ont été attribués à des doses excessives ou à des produits du commerce de provenance suspecte (qui contenaient des feuilles et des tiges ainsi que des rhizomes et qui pourraient provenir de cultivars de kava non ‘nobles’).

Notamment, tous les cas étaient associés à la consommation de compléments alimentaires contenant de l’extrait de kava obtenu par solvant et aucun n’était associé à la consommation de thé au kava bu de manière traditionnelle.

Personne versant du thé kava

Le consensus parmi les chercheurs est maintenant que le kava pourrait effectivement entraîner des lésions du foie dans de rares cas, mais que ces cas sont tellement peu fréquents qu’ils sont négligeables et ne justifient pas une interdiction. Une équipe de recherche a estimé qu’en se basant sur le volume des ventes comparé aux cas d’hépatotoxicité en Allemagne, un cas potentiel de lésions au foie s’est produit pour 60 à 125 millions de doses de kava consommées.

La consommation du kava depuis longtemps dans le Sud de la région Pacifique et les recherches sur cette plante montrent qu’elle a en fait de nombreux bienfaits possibles. Les composés kavalactones pourraient être très utiles pour l’anxiété. Cependant, cela n’empêche pas certaines personnes d’avoir des inquiétudes. 

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    Sanjai Sinha

    Dr Sanjai Sinha est membre du corps enseignant du Centre médical Weill Cornell de New York où il reçoit des patients, enseigne aux médecins résidents et aux étudiants en médecine et fait de la recherche en services de santé. Il prend soin d’éduquer ses patients et pratique la médecine fondée sur les preuves. Son grand intérêt pour l’examen médical est nourri de ces passions.
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