La nouvelle exposition Nous sommes Marie-Jeanne: Femmes de cannabis ouvre le 8 juin au Hash Marihuana & Hemp Museum. En vue du lancement officiel, nous nous sommes entretenus avec les jumelles Shiva et Shanti en l’honneur desquelles deux variétés de cannabis ont été nommées, au sujet des femmes de l’industrie cannabique et de leurs expériences personnelles.
Pratiquement toutes les industries souffrent des constructions culturelles oppressives du patriarcat. Malheureusement, l’industrie cannabique ne fait pas exception. Pourtant, un changement longtemps attendu commence à s’opérer. Bien qu’il soit graduel, il est immense et espérons qu’il soit aussi irréversible. L’industrie cannabique est une des premières où ce changement est le plus prévalent.
Pouvoir, ingéniosité, créativité et détermination
Le pouvoir, l’ingéniosité, la créativité et la détermination des femmes de l’industrie cannabique sont célébrés dans cette toute dernière exposition de notre entreprise sœur, le Hash Marihuana & Hemp Museum.
L’exposition présente les aspects du principe féminin dans l’univers du cannabis, de l’ancienne déesse chinoise du chanvre Magu (« la jeune femme du cannabis ») à la pionnière hollandaise de la fabrication de hasch Mila Jansen en passant par les créatrices de produits de luxe à base de cannabis pour soulager les crampes menstruelles, l’équipe toute féminine de Whoopi et Maya.
Nous vous présentons Shiva et Shanti
Lorsque la conservatrice de la nouvelle exposition Simone Badoux (elle-même une femme de l’industrie cannabique) s’est tournée vers Sensi Seeds pour voir si elle pouvait y trouver des femmes inspirantes à ajouter à l’exposition, le choix était très près de nous – Shiva et Shanti.
Les filles jumelles du fondateur de Sensi Seeds, Ben Dronkers, ont grandi dans l’industrie cannabique. Dans les premières années de la banque de graines aujourd’hui la plus vieille au monde, elles s’occupaient du kiosque de Sensi Seeds lors d’événements cannabiques.
Deux des variétés les plus populaires, Shiva Shanti et Shiva Shanti II, sont nommées en leur honneur. Depuis 2008, Shiva est responsable de l’organisation des Cannabis Culture Awards, événement présenté par le Hash Marihuana & Hemp Museum où des prix sont remis aux gens qui ont fortement contribué à l’acceptation de la plante de cannabis sous toutes ses formes.
Dans le cadre de l’exposition Nous sommes Marie-Jeanne, la photographe Maria Cavali a pris des portraits de Shiva et Shanti dans le coffeeshop Club Media d’Amsterdam. L’auteure de cet article s’est entretenue avec elles pour savoir ce que c’était que d’être femmes dans l’industrie cannabique. Voici la version remaniée de cet entretien informel.
Scarlet Palmer : Qui sont vos modèles féminins, de l’industrie du cannabis ou non ?
Shiva : Whoopi Goldberg. Elle a lancé une petite gamme de produits de cannabis avec une autre femme, Maya, et la paire travaille avec une femme herboriste. Miley Cyrus, elle a donné un bon spectacle à Amsterdam auquel j’ai assisté. Elle était sur scène avec un joint d’un mètre de long et un danseur vêtu d’un costume de feuille de cannabis s’exécutait derrière elle.
Shanti : Mes amies sont mes modèles. De bonnes amies peuvent aussi être de bons modèles ; elles m’inspirent. Dans l’industrie ? Oui, Whoopi et Miley sont de bons modèles féminins.
Shiva : Elles inspirent les masses, ce qui les rend aussi de bons modèles féminins.
SP : Aux Etats-Unis, l’industrie cannabique dans son ensemble comporte le plus de femmes dans des postes de direction que toutes autres industries. Pourquoi pensez-vous que c’est le cas ?
Shiva : Elles connaissent très bien ce qu’elles défendent. L’instant où on sait qu’on a raison, on va se battre pour le défendre. Pour aider les enfants malades, les gens malades. Les femmes savent comment articuler un nouveau mouvement. Elles sont passionnées.
SP : Pensez-vous que ce phénomène s’étendrait aux Pays-Bas si notre cadre législatif était similaire à celui des Etats-Unis ?
Shanti : Oui, probablement. Depuis le milieu des années 90, la fierté s’est estompée un peu dans l’industrie. La manière de faire la promotion, avec des femmes en sous-vêtements, en bikinis. Plusieurs femmes ont été repoussées par la façon dont les hommes ont essayé de lui donner une connotation pornographique.
Shiva : C’est la passion encore. Ici il y a plus d’hommes dans l’industrie parce qu’ils recherchent l’argent.
SP : Qu’est-ce que ça signifie pour vous d’être des femmes de l’industrie cannabique ?
Shanti : C’est dans mes gènes. Je ne peux rien y faire (rires).
Shiva : Elle offre une liberté. Si vous êtes une femme consommatrice de cannabis et que vous êtes enseignante, ou spécialiste médicale, une profession du genre, vous devez vous cacher. Il y a encore des gens qui ont des préjugés. Les femmes de l’industrie cannabique ont plus de liberté. On peut en consommer, en parler : sortir du placard.
Shanti : Les femmes issues de toutes autres industries, du monde des affaires, doivent travailler trois fois plus fort pour se faire reconnaître.
Shiva : Vraiment ? Le seul fait d’être une femme ?
Shanti (rires) : C’est la seule industrie que tu connais.
SP : Shiva et Shanti, merci beaucoup. On se revoit à l’ouverture !
Qui considérez-vous comme une femme notoire de l’univers cannabique ? Avez-vous des modèles féminins ? Et pensez-vous qu’il y ait plus de liberté et d’occasions pour les femmes dans l’industrie cannabique, ou croyez-vous que les consommatrices de cannabis font face à plus de préjugés que les hommes consommateurs ? Partagez vos commentaires dans la section réservée à cet effet !
L’exposition Nous sommes Marie-Jeanne : Femmes de cannabis est présentée du 8 juin au 23 septembre 2018. L’entrée est incluse dans le billet d’admission au musée.