Les femmes sèment aujourd’hui l’avenir du cannabis

Femmes militantes du cannabis

Même si l’univers du cannabis commence à inclure plus de femmes, l’écart entre les sexes demeure. Les femmes ont encore bien des obstacles à surmonter dans le domaine de l’égalité des sexes. Pour éliminer les stigmates et les stéréotypes sexistes, elles s’unissent pour prendre leur place sur la scène cannabique. Les femmes sèment l’avenir du cannabis.

L’écart entre les sexes : une blessure qui ne guérit pas

Tant et aussi longtemps que l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas une réalité vivante, les femmes ont de bonnes raisons de se mobiliser et de faire des revendications. L’écart entre les sexes semble être une blessure qui ne guérit pas ; certains tissus se régénèrent, mais la plaie demeure. Même au 21e siècle, les signes ne sont pas encourageants.

Selon des données du Forum économique mondial, nous devrons attendre encore au moins cent ans avant que les femmes profitent d’une pleine égalité au travail, en politique, en matière d’accès à l’éducation, dans les sports, etc. – sans mentionner le sujet aussi anodin que la répartition des tâches ménagères.

Le 8 mars, lors de la Journée internationale de la femme, le monde s’est en quelque sorte arrêté. Les femmes ont marché dans les rues et mis en branle une manifestation pour dénoncer les inégalités. La mobilisation cette année a pris des dimensions mondiales en vertu de mouvements, #Metoo par exemple, qui montrent que le chauvinisme masculin est encore un fléau latent affectant toutes les sphères sociales de tous les pays, développés ou non.

La discrimination envers les femmes signifie que plus de la moitié de la société est traitée de façon inégale. C’est une forme d’inégalité qui affecte toutes les femmes : qu’elles soient éduquées ou non, peu importe leur âge ou origine, qu’elles consomment ou non du cannabis. Ainsi, de plus en plus de femmes provenant de secteurs variés se mobilisent afin d’attirer l’attention et de dénoncer la situation. Les femmes du secteur du cannabis ne font pas exception.

Les femmes et le cannabis : protagonistes du musée du cannabis de Barcelone

Profitant de l’événement Spannabis Barcelone 2018 et de la Journée internationale de la femme, le Hash Marihuana and Hemp Museum de Barcelone, sous la direction de la gestionnaire Ana Rodriguez, a organisé un bel événement pour montrer qu’il adhère aux revendications et pour continuer à donner de la visibilité aux collectifs féministes nationaux et internationaux du secteur cannabique.

A l’occasion d’une journée si importante où les femmes et la plante de cannabis sont à l’honneur, quelle meilleure façon de célébrer que d’organiser une rencontre pour rendre hommage à la relation que les femmes ont entretenue au fil de l’histoire avec la plante de cannabis, dans différents domaines d’activisme.

Rassemblant un nombre de partenaires cannabiques du sexe opposé, l’événement a attiré de nombreuses femmes qui aiment le cannabis et des professionnelles du secteur. Elles ont pu y rencontrer, entre autres, Patty Amiguet, une activiste anti-prohibitionniste de La Rosa Verda (loi catalane), Pachamama (CSC) présidente et membre de CatFac, Ana Afuera de ENCOD et La Maca (CSC), Mila Jansen, une activiste internationale qui a fondé l’entreprise Pollinator, Michka Seeliger-Chatelain, la Grande Dame du Cannabis… et plusieurs autres femmes qui, jour après jour, revendiquent ces deux choses : que la plante de cannabis retrouve la place qui lui revient, et que les femmes trouvent la leur dans l’univers du cannabis.

Mila Jansen avec une militante anti-prohibitionniste

Les femmes cannabiques continuent de réclamer leur place en Espagne et dans le reste du monde. Tel que l’a bien exprimé REMA (réseau national des femmes anti-prohibitionnistes en matière de drogues) : « Nous sommes. Nous existons. Nous voulons exercer notre influence. Nous voulons participer et contribuer à la transformation et être visibles. » Parce qu’une moitié de la société ne peut fonctionner sans l’autre.

Femmes cannabiques : stigmates et stéréotypes

Même si les femmes prennent leur place dans l’univers du cannabis, l’égalité des sexes est loin d’être une réalité. Il faut encore changer de nombreuses attitudes, au sein de l’industrie et à l’extérieur, basées sur des concepts dépassés teintés de chauvinisme s’appliquant au cannabis, par exemple, que le cannabis n’est pas pour les « filles », que les femmes ne peuvent pas comprendre le cannabis aussi bien que les hommes, et que si la femme a des enfants, elle doit être une mauvaise mère.

Pendant des décennies, la culture populaire mondiale et le secteur cannabique ont marginalisé, et même oublié, les consommatrices de cannabis. Malheureusement, cette attitude sexiste adoptée par une portion de l’industrie cannabique n’est rien d’autre que le reflet d’une réalité que plusieurs femmes affrontent au quotidien dans divers domaines. Trop souvent, notre valeur ne semble résider que dans notre pouvoir superficiel à attirer le public qui est constitué, semble-t-il, d’une majorité d’hommes.

Ce n’est pas surprenant qu’en général, les consommatrices de cannabis se sentent stigmatisées en dépit des progrès mondiaux dans le domaine de la légalisation. Nous devons toujours nous battre pour être respectées, dans le secteur cannabis et tous les autres.

Bien plus qu’un joli visage

Nous devons nous justifier aux yeux de la société et fournir des explications à notre entourage lorsque nous disons que nous appartenons à l’industrie cannabique (oh, cette plante interdite, cette drogue !). Nous devons redoubler d’efforts pour montrer que nous en savons autant, ou plus que les hommes sur le cannabis et que nous ne sommes pas là à cause de noter joli visage. Ces difficultés reposent comme toujours sur les mêmes vieux stéréotypes sexistes qui affectent les femmes de tous les secteurs, partout dans le monde.

L’univers du cannabis évolue et se féminise. Il y a de plus en plus de femmes dévouées et engagées qui travaillent dans l’industrie. Par exemple, on retrouve aux Etats-Unis le plus de femmes dans des postes de direction que partout ailleurs.

De plus en plus de femmes deviennent des figures emblématiques en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe. Nous avons montré que nous sommes des activistes discrètes et des consommatrices sérieuses et quantifiables. L’industrie a réalisé à quel point elle avait besoin de nous.

Dans un avenir rapproché

Patty Amiguet tenant un discours

Bien que les stéréotypes sur les femmes ont évolué, il reste encore des obstacles à surmonter afin de combler le fossé entre les sexes. Mais les femmes n’abandonnent pas ; nous ne baissons pas les bras devant le chauvinisme masculin qui règne.

Les temps changent et aujourd’hui, en dépit de leur origine, âge ou sexe, les gens consomment le cannabis. Certaines sources établissent qu’il y a maintenant plus de femmes qui consomment le cannabis que d’hommes dans des pays comme les Etats-Unis où d’importantes figures publiques ont rehaussé l’image des femmes dans l’industrie actuelle du cannabis.

Les femmes dont nous parlons sont mères, filles, sœurs, grands-mères, elles ont différents emplois, modes de vie, croyances, pensées et préoccupations. Pourtant, elles ont toutes l’objectif commun de contribuer à la légalisation en promouvant le droit au cannabis médical et récréatif, en défendant ouvertement la consommation de cannabis et la régulation responsable et en demandant la réforme des lois nationales et internationales appliquées au cannabis.

Semer aujourd’hui, récolter demain

L’industrie actuelle du cannabis est des plus lucratives et génère déjà des milliers de millions de dollars. A l’évidence, cette tendance se généralisera étant donné que de plus en plus de pays continuent à légaliser le cannabis et que le secteur fleurit à l’échelle mondiale.

Les femmes sont nécessaires à cette industrie, aujourd’hui comme demain, puisqu’elles consomment et cultivent le cannabis. Nous avons toujours été, et serons toujours près de la plante. Nous méritons d’être représentées et soutenues au sein de cette industrie.

Nous avons le droit de sortir du placard cannabique dans lequel nous avons été enfermées, entre autres, par la prohibition, tout comme nous avons le droit de réclamer que cessent les stigmates sexistes afin de contribuer à l’industrie non pas à cause de nos jolis visages, mais bien de manière réelle et libre.

Si nous devons attendre encore cent ans avant de goûter à l’égalité, peut-être est-il temps de réfléchir et d’accélérer les choses pour pouvoir récolter le fruit de nos efforts le plus rapidement possible.

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