Le cannabis au Sri Lanka – lois, usages et histoire

The Sri Lankan flag next to a cannabis plant growing from the soil

Le Sri Lanka interdit le cannabis et adopte une position ferme : la possession et la vente sont passibles d’amendes et de peines d’emprisonnement. Or, il est utilisé dans l’ayurvédisme depuis des siècles et les praticiens peuvent vendre des remèdes à base de cannabis à leurs patients si les ingrédients proviennent de la Société des médicaments ayurvédiques.

    • Capitale
    • Colombo
    • Habitants
    • 21,350,000
    • Produits CBD
    • Illégal
    • Cannabis récréatif
    • Illégal
    • Cannabis médicinal
    • Légal

Lois sri-lankaises sur le cannabis

Peut-on posséder et consommer du cannabis au Sri Lanka ?

L’usage récréatif du cannabis est illicite au Sri Lanka. La Loi sur les poisons, l’opium et les drogues dangereuses stipule que : « Nul ne doit, sans l’autorisation du Ministre, semer, planter, cultiver, obtenir ou avoir en sa possession toute plante de pavot, coca ou chanvre, ou récolter ou avoir en sa possession les graines, cosses, feuilles, fleurs ou toute partie de l’une ou l’autre de ces plantes. »

Le Sri Lanka a mis en place des sanctions sévères pour la possession de cannabis. Généralement jugée comme une infraction mineure, la possession de cinq kilos ou moins est passible d’une amende ou d’une courte peine d’emprisonnement. La possession de plus grandes quantités est une infraction plus grave qui est passible d’amendes et de peines d’emprisonnement plus importantes établies à la discrétion du juge.

Une plante de cannabis avec des pigments violettes

Peut-on vendre du cannabis au Sri Lanka ?

La vente et l’approvisionnement de cannabis sont également interdits au Sri Lanka. La loi stipule que « Nul ne doit récolter, préparer, transformer, vendre ou offrir en vente, fabriquer, entreposer, obtenir, avoir en sa possession, distribuer ou consommer (a) toute résine provenant du chanvre pour des préparations ou extraits communément connus sous le nom de bhang, haschich ou ganja, ou toute autre préparation comprenant une telle résine. »

Considéré comme une grave infraction, le trafic est passible d’une amende et d’une peine d’emprisonnement. Abolie en 1976, la peine de mort a été rétablie pour de multiples crimes en 2004, dont le trafic de drogue. Or, en vertu de la Loi sur les poisons, l’opium et les drogues dangereuses, cette peine ne s’applique qu’au trafic d’héroïne, de cocaïne et de morphine, et aucune exécution n’a eu lieu depuis 2004. Les peines de mort sont habituellement automatiquement commuées à l’emprisonnement à vie.

Peut-on cultiver du cannabis au Sri Lanka ?

La culture du cannabis est interdite au Sri Lanka, sauf s’il est destiné à un usage médical (et cultivé par des agriculteurs embauchés par l’Etat). Malgré son illégalité, le cannabis est encore largement cultivé à travers le pays, surtout dans les provinces de l’est et du sud.

Le ministère sri-lankais des Accises, de concert avec les services policiers, organise régulièrement des campagnes d’éradication pour mettre un frein à cette culture.

Même si la légalisation de la culture de cannabis est populaire (notamment sur les médias sociaux), les autorités religieuses s’y opposent vigoureusement. Lors d’une conférence de presse en 2020, Ven. Dhammalankara Thera (prélat en chef de Kotte Sri Kalyani Samagri Dharma Maha Sangha de Siyam Maha Nikaya) a commenté : « Les médias devraient prendre des mesures pour empêcher la promotion du cannabis, et la question de la culture est un problème national ».

Le CBD est-il légal au Sri Lanka ?

Inscrit dans la catégorie « plante de chanvre », le CBD est interdit au Sri Lanka aux termes de la loi.

Un pot en verre plein de boutons de cannabis et la formule chimique de la CDB

Les graines de cannabis peuvent-elles être expédiées au Sri Lanka ?

Les graines de cannabis sont illicites au Sri Lanka. Leur expédition par la poste est donc interdite.

Le cannabis médical au Sri Lanka

En dépit de la position ferme du Sri Lanka à l’égard du cannabis, le gouvernement a annoncé en 2017 qu’il légaliserait la culture du cannabis à des fins thérapeutiques. Au pays, le cannabis est exclusivement destiné aux praticiens ayurvédiques, mais une certaine quantité sera exportée aux E.-U. pour un usage médical.

Rajitha Senaratne, ministre de la Santé, de la Nutrition et de la Médecine autochtone a affirmé que : « Plusieurs médecins ayurvédiques se sont plaints de la qualité du cannabis qu’ils utilisent dans leurs préparations. Du cannabis de bonne qualité est un ingrédient essentiel à la confection de remèdes traditionnels. »

Avant cette modification à la loi, les praticiens recouraient à du cannabis provenant du marché noir qui avait auparavant été saisi par les services policiers. Senaratne a ajouté : « Au moment où nos médecins autochtones obtiennent ce cannabis, il date d’environ quatre à cinq ans et il a perdu son efficacité. »

Le gouvernement a prévu de consacrer 100 acres à la culture du cannabis dans le but de produire plus de 25 tonnes par année. En 2019, l’entreprise basée en Australie Creso Pharma a annoncé ses plans d’expansion au Sri Lanka en collaboration avec Ceyoka Health, un distributeur pharmaceutique sri lankais. Les deux entreprises estiment que leur collaboration ouvrira la voie à d’autres projets conjoints sur le marché du cannabis.

En juillet 2021, leurs pastilles au CBD (cannAFFORD® 50) attendaient toujours d’être évaluées à des fins de conformité, après quoi elles seront vendues sur le marché médical en tant que produit thérapeutique.

Les bourgeons de cannabis se débarrassent d'une baignoire orange

Le chanvre industriel au Sri Lanka

Bien qu’il existe maintes plantations de cannabis au Sri Lanka (surtout dans les provinces de l’est et du sud), la culture du chanvre industriel est techniquement illicite.

Les responsables sri-lankais détruisent ou saisissent régulièrement les récoltes de plantations de cannabis lorsqu’elles sont découvertes, sans égards aux raisons pour lesquelles les plantes sont cultivées.

Plantes de chanvre devant un ciel bleu

Les partis politiques sri-lankais et le cannabis

Le gouvernement sri-lankais est un régime multipartite et se présente comme une république démocratique, représentative et semi-présidentielle. Par conséquent, un large éventail d’opinions politiques sont exprimées sur des enjeux comme la légalisation du cannabis.

Beaucoup de politiciens appuient l’utilisation du cannabis dans la médecine traditionnelle, ce qu’illustre sa légalisation pour les préparations ayurvédiques par le ministre de la Santé, de la Nutrition et de la Médecine autochtone.

Bon à savoir

Si vous allez au Sri Lanka ou que vous y résidez, il est pertinent de savoir ce qui suit :

  • Environ 600 000 Sri-Lankais ont rapporté avoir utilisé du cannabis en 2005. Un nombre considérable d’entre eux l’employaient dans le cadre de pratiques ayurvédiques ;
  • Les descentes policières sont courantes au Sri Lanka, surtout sur les routes la nuit. Les services policiers vérifient et fouillent souvent les voitures et les tuk-tuks ;
  • Le cannabis est parfois appelé « plante sacrée », car elle joue un rôle central lors de certains festivals hindous.

Histoire du cannabis

A l’instar de nombreux pays asiatiques, le Sri Lanka a un long et illustre passé en matière de consommation et de culture du cannabis. Il était autrefois utilisé en médecine ayurvédique pour stimuler l’appétit et favoriser la digestion, ainsi que pour bien d’autres problèmes de santé. Le roi Buddadasa (341 av. J.-C.) a même parlé de ses bienfaits médicaux dans sa pharmacopée, Saratha Sangrahaya.

On croit que les Sri-Lankais échangeaient du cannabis et du haschich avec divers autres pays tout au long de l’époque médiévale. A partir du début du 17e siècle, l’île a souffert de périodes d’agitation politique, alors que de multiples nations l’envahissaient et prenaient le pouvoir. En 1675, les dirigeants coloniaux néerlandais ont interdit complètement le trafic du cannabis.

Dans les années 1900, ce sont les Britanniques qui ont pris le contrôle du Sri Lanka. C’est à cette époque que le commerce international du cannabis et du haschich a pris de l’ampleur, tout comme celui de l’opium et de la cocaïne. Autour de 1860, le Sri Lanka (ou Ceylan, comme il était alors désigné) comptait maintes plantations de coca sous administration britannique. Au moins quelques-unes de celles-ci ont été exploitées jusqu’après la Seconde Guerre mondiale.

Attitude à l’égard du cannabis

L’attitude sri-lankaise à l’égard du cannabis est parfois contradictoire. D’une part, plusieurs le considèrent comme une substance inoffensive, employée depuis des siècles dans les préparations ayurvédiques et souvent prisée pour ses bienfaits médicaux. Même des représentants gouvernementaux ont reconnu sa valeur pour la société : le ministre de la Médecine autochtone a d’ailleurs légalisé l’utilisation de petites quantités par les praticiens ayurvédiques.

Par ailleurs, d’autres le considèrent comme une drogue illicite et dangereuse, ce que prouve son statut juridique actuel.

A quoi ressemble le cannabis sri-lankais ?

La plupart des variétés locales exhibent l’apparence classique des variétés sativas de l’Asie du Sud (maintenant reconnues par les botanistes comme un sous-type de C. sativa sp. indica). Elles sont grandes et comportent de nombreuses branches avec des entre-nœuds très espacés et de minces feuilles vert foncé. Les plantes sont généralement aromatiques et produisent des arômes floraux, de menthe poivrée et d’agrumes.

Le high induit par la majorité du cannabis sri-lankais est limpide et cérébral, et cause un peu de somnolence.

L’ayurvédisme au Sri Lanka

Au Sri Lanka, l’ayurvédisme est traditionnellement pratiqué depuis des siècles et l’est encore de nos jours. Le cannabis est un ingrédient important de quantité de remèdes et les diverses variétés portent des noms cinghalais ou sanskrits comme :

  • Virapati (« feuilles de héros ») ;
  • Capta (« légèreté ») ;
  • Ananda (« félicité ») ;
  • Trilok kamaya (« espéré en trois mondes ») ;
  • Harshini (« les enchanteurs »).

Ces noms dénotent les propriétés propres à chacune et se rapportent à des bienfaits comme l’atteinte d’un état euphorique ou l’exacerbation de l’énergie sexuelle.

Par le passé, des praticiens ayurvédiques enregistrés se sont procuré du cannabis par l’entremise de la Société des médicaments ayurvédiques (Ayurvedic Drugs Corporation). De son côté, la Société l’avait obtenu gratuitement des services policiers, lesquels lui transmettaient souvent les plantes saisies dans des plantations commerciales illicites.

Au tournant du 21e siècle, l’avenir de l’ayurvédisme était incertain. Le choc entre ces pratiques traditionnelles (et leur approche plus souple) et l’attitude moderne et négative envers le cannabis signifiait que les remèdes ayurvédiques risquaient d’être progressivement abandonnés.

En 2017, des annonces du gouvernement ont toutefois révélé que ce n’était plus le cas. Puis, en 2018, le ministre de la Santé Rajitha Senaratne a esquissé les plans visant à cultiver du cannabis sur 100 acres de terre, lequel serait destiné aux pratiques ayurvédiques locales et à l’exportation américaine.

Qu’est-ce que le madana modaka ?

Le madana modaka est une préparation thérapeutique utilisée dans les pratiques ayurvédiques. Légalement vendu par la Société des médicaments ayurvédiques et d’autres praticiens ayurvédiques, il contient des feuilles et des graines de cannabis généralement exemptes de ghee, et d’autres herbes comme la coriandre, le kottan, le thipal, l’asamodagam et le namal renu.

Le madana modaka est utilisé pour traiter les flatulences et la perte d’appétit, et on croit qu’il agit comme stimulant sexuel.

Ces dernières années, les pharmacies ayurvédiques offrant du madana modaka ont connu des problèmes avec la justice qui ont menés à la saisie et à la destruction de ce remède. Il y eut entre autres, en 2002, le cas notoire d’un individu arrêté à Udawalawe pour possession de madana modaka. Lorsque le praticien ayurvédique qui le lui avait fourni s’est adressé aux services policiers, il a aussi été arrêté, et ce, même s’il l’avait préparé à partir d’ingrédients obtenus auprès de la Société des médicaments ayurvédiques.

Depuis lors, plusieurs autres cas ont été rapportés. On soupçonne que les praticiens ayurvédiques « visent les enfants » avec leurs produits, ce qui a incité le président sri-lankais, Mahinda Rajapaksa, à ordonner aux services policiers de cibler les praticiens soupçonnés de vendre du madana modaka à proximité des établissements scolaires.

Le cannabis sera-t-il légalisé dans le futur ?

Bien que le gouvernement sri-lankais ait récemment adopté une position plus souple à l’égard de l’usage médical du cannabis, il ne montre, dans l’ensemble, aucun signe suggérant qu’il fera de même pour l’usage récréatif. Dans ce contexte, sa légalisation dans un proche avenir semble peu probable.

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    Bien que nous ayons déployé tous les efforts possibles pour assurer l’exactitude de cet article, son contenu n’est pas destiné à fournir un avis juridique ; chaque situation est différente et impose de consulter un expert et/ou un avocat.

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    L’équipe de rédaction de Sensi Seeds regroupe des botanistes, des experts médicaux et juridiques ainsi que certains des activistes les plus renommés tels Dr Lester Grinspoon, Micha Knodt, Robert Connell Clarke, Maurice Veldman, Sebastian Marincolo, James Burton et Seshata.
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  • Maurice_Veldman

    Maurice Veldman

    Maurice Veldman est membre de l’Association néerlandaise des avocats criminalistes et il est l’un des avocats en matière de cannabis les plus réputés des Pays-Bas. Avec ses connaissances du droit administratif et pénal acquises au cours de 25 années d’expérience, il défend les vendeurs de cannabis et les producteurs de chanvre en faisant valoir les inégalités entre les individus et l’Etat
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