Cinq principaux bienfaits du cannabis pour la maladie de Parkinson

Un médecin qui tient un patient à la main dans le cabinet du médecin

L’automédication au cannabis gagne en popularité chez les patients atteints de Parkinson. En fait, cette prévalence de l’automédication a motivé les scientifiques à étudier la question. Cependant, les études parviennent à des résultats contradictoires. Plusieurs patients rapportent que le cannabis médical soulage une multitude de symptômes.

La maladie de Parkinson est une maladie dégénérative qui s’attaque au système nerveux central en provoquant la destruction des cellules produisant la dopamine dans une zone du cerveau appelée substantia nigra. Les fonctions motrices sont les premières affectées par la maladie. Alors que la maladie progresse, le malade pourra manifester des symptômes de déclin cognitif, de démence et de dépression.

Les histoires d’automédication ont inspiré les chercheurs à étudier l’utilisation des cannabinoïdes pour traiter la maladie de Parkinson. Plusieurs patients disent avoir utilisé l’huile de cannabis pour contrôler les symptômes de la maladie, et lorsque la communauté scientifique s’est rendu compte de ce phénomène, elle a commencé à faire des études sur les effets du THC et du CBD sur les symptômes du Parkinson.

Qu’est-ce que la maladie de Parkinson?

L’un des principaux symptômes de la maladie de Parkinson est la détérioration des fonctions motrices selon trois catégories: tremblements involontaires du corps, lenteur de mouvement et rigidité musculaire. Les tremblements sont certainement le symptôme moteur le plus visible et le plus connu, mais il existe de nombreux autres symptômes moteurs spécifiques potentiellement expérimentés par les patients atteints, selon les cas.

En plus des symptômes moteurs, la maladie de Parkinson inclut des symptômes neuropsychiatriques, pouvant inclure une dégradation de certaines fonctions cognitives, des troubles de l’humeur, ou encore des troubles du comportement. Ces troubles se traduisent en grande partie par des problèmes de concentration, de mémoire, de langage et de compétence visio-spatiale. La dégradation progressive de ces capacités cognitives peut causer à long terme une manifestation beaucoup plus accrue de la démence.

Une illustration du cerveau humain avec la maladie de Parkinson

C’est dès les années 70 que la communauté scientifique, exhortée par la fréquence des témoignages de patients ayant opté pour l’automédication, a pu se concentrer sur la recherche sur les cannabinoïdes dans le cadre d’un traitement contre la maladie de Parkinson. Toutefois, le nombre d’études conduites sur le sujet reste relativement réduit, en dépit d’un renouveau récent des efforts en ce sens, toujours en raison de la fréquence des cas reportés par les patients atteints de la maladie.

1. Le cannabis pourrait être antidyskinétique  

La dyskinésie est un symptôme courant de la maladie de Parkinson. Ce terme désigne les mouvements involontaires des muscles. Les symptômes peuvent se manifester par des spasmes ou des tremblements incontrôlés, progressant jusqu’à provoquer une lenteur extrême (voire une absence totale) des mouvements.

Les patients Parkinson traités sur de longues périodes avec de la Lévodopa (un précurseur naturel de la dopamine qui augmente les niveaux de dopamine dans le cerveau) peuvent développer une forme spécifique de dyskinésie induite par la Lévodopa. Cette forme de dyskinésie peut induire la chorée (mouvements « dansants » des pieds et des mains), la dystonie (contractions musculaires prolongées entraînant une posture difforme anormale), l’hémiballisme, la myocionie ou une combinaison de ces symptômes.

Une main serrée sur le fond blanc

Les récepteurs cannabinoïdes du système nerveux central sont densément regroupés dans une zone de la substantia nigra appelée « pars reticulata », une zone qui joue un rôle fondamental dans la médiation des signaux par la dopamine vers le striatum des ganglions de la base. Cette région est la principale responsable de la régulation de l’activité motrice volontaire. Les récepteurs cannabinoïdes sont également présents en grand nombre dans les ganglions de la base eux-mêmes. Ainsi, la transmission naturelle des endocannabinoïdes est censée jouer un rôle dans ces processus fondamentaux et apparentés.

Diverses études ont indiqué que l’agonisation des récepteurs cannabinoïdes par l’administration de cannabinoïdes exogènes pouvait favoriser la réduction de la dyskinésie induite par la Lévodopa ainsi que d’autres difficultés rencontrées par les patients atteints de Parkinson. Une étude menée en 2002 sur des sujets primates non humains a conclu en ce sens, tout comme une autre étude réalisée en 2007 sur des rats, qui utilisait l’agoniste synthétique WIN 55,212-2.

Pourtant, les études menées à ce jour sur des humains se sont avérées peu probantes. En 2004 au Royaume-Uni, un essai clinique à petite échelle mené sur dix-sept personnes a conclu qu’il n’y avait aucune amélioration objective ou subjective de la dyskinésie (induite par la Levodopa). Pourtant, une étude par observation réalisée en 2014 sur vingt-deux patients a révélé des améliorations des symptômes de tremblement, de rigidité et de bradykinésie (ralentissement des mouvements).

2. Le cannabis comme anti-apoptose

La régulation anormale du processus d’apoptose des neurones dopaminergiques dans le pars compacta (l’autre subdivision essentielle de la substantia nigra) est censée être le principal mécanisme à l’œuvre dans la maladie de Parkinson. On ne sait pas précisément comment se produit ce phénomène, mais il a été démontré à maintes reprises que le traitement à base d’agonistes des récepteurs dopaminergiques pouvait avoir des effets bénéfiques, car ils permettent de compenser la perte de neurones en stimulant les neurones restants et en les incitant à produire davantage de dopamine.

Une illustration de neurones avec dysfonctionnement

On sait que le système endocannabinoïde joue un rôle important dans la régulation des processus naturels de l’apoptose, une forme de mort cellulaire programmée fondamentale dans une fonction métabolique normale. Dans certains cas, les cannabinoïdes se sont avérés capables d’induire l’apoptose (par exemple dans plusieurs formes de cancer), mais des preuves montrent aussi qu’ils peuvent avoir un effet protecteur et réduire les taux excessifs d’apoptose dans certaines maladies.

On suppose que la maladie de Parkinson pourrait survenir suite à la présence d’oxidopamine, composé de structure légèrement différente de celle de la dopamine par son groupe hydroxyle (-OH). Sa similarité structurelle lui permet d’être transmis par les transporteurs de recapture de la dopamine au pars compacta où il détruit systématiquement les neurones dopaminergiques (qui produisent la dopamine).

Une étude publiée en 2005 a démontré que l’injection d’oxidopamine dans le cerveau de souris entraînait une nette réduction des niveaux de dopamine, et que l’administration de delta-9-THC, de CBD et du cannabinoïde synthétique non sélectif HU-210 exerçait un effet neuroprotecteur permanent.

Que le CBD ait cet effet indique que le mécanisme est dépendant des récepteurs CB2 (car l’affinité du CBD pour le récepteur CB1 est négligeable), qui assurent la médiation des effets anti-inflammatoires des composés et protègent les cellules contre une apoptose excessive.

3. Anti-insomnie

Les patients de Parkinson ont souvent des troubles du sommeil qui peuvent avoir un impact néfaste sur le système immunitaire et altérer leur capacité à lutter contre la progression de la maladie. La maladie touche habituellement les personnes âgées qui souffrent souvent d’insomnie même lorsqu’elles ne sont pas concernées par le Parkinson.

En fait, l’insomnie dont souffrent les malades de Parkinson est souvent différente de l’insomnie typique des personnes âgées. Ils s’endorment généralement assez facilement, mais éprouvent les pires difficultés à rester endormis tout au long de la nuit, et à se rendormir lorsqu’elles ont été réveillées. Certains patients disent faire plus de cauchemars et de rêves d’apparence réelle, et certains font également état de somnolence excessive pendant la journée.

Un homme avec une insomnie reposant dans un lit avec une horloge à côté

L’effet somnolent du cannabis est bien connu, et il a été utilisé pour provoquer le sommeil depuis l’antiquité par diverses cultures. En outre, l’insomnie est l’un des principaux symptômes de l’abstinence au cannabis chez les consommateurs dépendants. On suppose que le delta-9-THC et le CBD peuvent tous deux contribuer à la régulation du sommeil. Le CBD en particulier est censé provoquer le sommeil alors que le delta-9-THC est censé exercer une torpeur résiduelle (sensation de somnolence après l’éveil). Bien que cet effet du THC puisse être un inconvénient pour les personnes souffrant de somnolence excessive pendant le jour, il peut toutefois aider les patients au sommeil nocturne perturbé à se rendormir.

4. Le pouvoir antidépresseur du cannabis

Près de 50 % des personnes atteintes de la maladie de Parkinson présentent des symptômes dépressifs, ce qui peut avoir un effet néfaste sur la progression de la maladie de différentes façons. On suppose qu’une composante génétique intervient dans la probabilité que les personnes atteintes de Parkinson souffrent de dépression. Les polymorphismes du gène CNR1 (qui encode l’expression des récepteurs CB1) pourraient jouer un rôle fondamental dans ce processus.

Un travailleur médical tenant la main d'un homme âgé

Une étude publiée en 2005 dans la revue Nature indiquait que les personnes présentant un polymorphisme particulier composé de deux allèles longs en chaîne dans le gène CNR1 présentaient un risque moindre de développer une dépression accompagnant le Parkinson. L’étude relevait également que la dépression était plus fréquente chez les patients atteints de Parkinson akinétique (rigidité et perte des mouvements) que chez ceux atteints de Parkinson avec tremblements ou d’un type mixte.

En outre, diverses études ont indiqué que la dépression s’accompagnait souvent de modifications des niveaux endogènes de cannabinoïdes tels que l’anandamide et le 2-AG dans le cortex préfrontal, une région jouant un rôle prépondérant dans la régulation de l’humeur et la prise de décision.

Bien que des recherches complémentaires soient nécessaires pour établir précisément les relations entre le Parkinson, l’expression du gène CNR1 et la dépression, la manipulation du système endocannabinoïde pour réduire les symptômes de la dépression chez les personnes atteintes de Parkinson revêt sans conteste un grand intérêt thérapeutique.

5. Le cannabis pour gérer la douleur

La découverte de la douleur en tant que symptôme de la maladie de Parkinson est très récente. Bien que la douleur de type musculosquelettique soit la plus prévalente (40 à 90% des cas rapportés), elle n’avait pas été liée directement à la maladie de manière conclusive auparavant. Pourtant, cette douleur est parfois sévère au point de surpasser les autres symptômes quant à la sévérité, et peuvent au long terme entrainer des conséquences psychologiques telles que la dépression et l’anxiété.

La douleur peut être une conséquence directe des troubles moteurs, par exemple celle ressentie en raison de la rigidité musculaire prolongée, ou provenir de la dystonie, de problèmes posturaux, et dans de plus rares cas, directement de la région cervicale.

Un homme lui tenant la main et essayant de tenir un verre avec l'autre main

Cette étude européenne publiée en 2012 dans le Journal of Pain a rassemblé 229 patients de Parkinson et examiné 12 gènes différents connus pour leur implication dans la douleur en général. Les chercheurs ont alors découvert que ces gènes réagissaient à la douleur d’une manière reconnaissable. Spécifiquement, ils ont découvert que le FAAH était associé à la douleur qui accompagne le Parkinson, ce qui est intéressant puisque le FAAH est une enzyme qui métabolise les cannabinoïdes endogènes, incluant l’anandamide.   

Les chercheurs ont recommandé la poursuite de recherches pour optimiser les traitements potentiels basés sur les caractéristiques propres à la cartographie génétique de chaque patient.

Dans le dossier du traitement du Parkinson par le cannabis, la science moderne peut confirmer une chose, à savoir, qu’il faut poursuivre la recherche. La plupart des études précliniques ayant déjà reconnu le potentiel du cannabis, elles forment la base adéquate qui justifie que se poursuive la recherche.

  • Disclaimer:
    Cet article ne remplace aucun conseil, diagnostic ou traitement d’un professionnel médical. Consultez toujours votre médecin ou tout autre professionnel de la santé habilité. Ne tardez pas à obtenir des conseils médicaux et n’ignorez aucune recommandation médicale après avoir lu tout contenu de ce site web. 

Comments

9 réflexions sur “Cinq principaux bienfaits du cannabis pour la maladie de Parkinson”

  1. J ai la maladie f parkison (6ans) droguee d remedes j n en peux pls!! J vais desormais vers autre ä
    chose.!! J vs explique ps ls effets secondaires remedes&

  2. rené Le Gac

    Bonjour, Pouvez-vous m’indiquer une variété pour soigner la maladie de Parkinson (tremblements et rigidités)Merci de me répondre !

  3. Sylent Jay - Sensi Seeds

    Bonjour,

    En l’occurrence, la régression des symptômes est due à une surdose.

    Concernant les variétés utilisées, il s’agit en fait généralement de cannabinoïdes synthétiques (sauf études basées sur des consommateurs réguliers), puisqu’il a toujours été compliqué de se procurer du cannabis, même dans le cadre de la recherche médicale, ce compte tenu du statut illégal de la plante. Les USA ont annoncé avoir « commandé » une grande quantité de cannabis pour la recherche dans les mois qui suivent, axée, en théorie, sur une consommation de cannabis médicinal ou d’huile de cannabis.
    https://sensiseeds.com/fr/blog/le-cabinet-dobama-commande-650-kilos-de-cannabis/

    Pour des résultats plus affirmatifs et concluants, il va donc falloir attendre des nouvelles du front scientifique.

  4. Merci. Mais dans ce cas ci, peut on donc supposer que les patients n’ayant pas réagi positivement au cannabis ( c’est a dire une régression des symptômes) est due a la consommation de cannabis ne contenant pas suffisamment de cannabinoides synthétiques agissant sur la maladie de parkinson ? Dans le même genre j’aimerai savoir si ces études précisent les variétés utilisés parce que lorsque l’ on dit le cannabis, cela peut être n’importe quoi. Serait ce plutôt du cannabis sativa, indica ou rudelaris ?
    Désolé de vous embêter et merci pour votre patience.

  5. Sylent Jay - Sensi Seeds

    Bonjour lucas,

    Les études citées se basent sur de nombreux cannabinoides synthétiques, dont le ?(9)-THCV.

    Merci pour votre message !

  6. Il me semblait avoir lu que le thcv avait un effet bénéfique sur la maladie de parkinson. Quand est il aujourd’hui? Peut on vraiment mettre en évidence un lien de causalité entre le thcv et la diminution des symptômes de la maladie ?
    merci par avance

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    Sanjai Sinha

    Dr Sanjai Sinha est membre du corps enseignant du Centre médical Weill Cornell de New York où il reçoit des patients, enseigne aux médecins résidents et aux étudiants en médecine et fait de la recherche en services de santé. Il prend soin d’éduquer ses patients et pratique la médecine fondée sur les preuves. Son grand intérêt pour l’examen médical est nourri de ces passions.
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