44 % de THC – L’herbe la plus forte au monde à Berlin ?

Deux jeunes filles allongées sur l'herbe et tenant une carte. On tient une articulation

Depuis 2007, des teneurs maximales en THC très élevées ont régulièrement été rencontrées à Berlin. Avec du cannabis comportant une teneur en ingrédient actif THC de 44 %, Berlin est statistiquement détentrice du record depuis 2010. Que cache réellement tout cela ?

Une question provenant d’un politicien berlinois du Parti libéral au sujet de la teneur en THC de produits cannabiques saisis entre 2007 et 2017 à Berlin a révélé des teneurs maximales en ingrédients actifs surprenantes. Quoique la teneur moyenne ne se situait qu’entre 11,1 % et 13,7 % et qu’il soit plausible que du hachich présente une teneur en THC de 46 %, il est presque incroyable de retrouver des teneurs de 44 % dans un lot saisi en 2010. Des teneurs en THC de 37,9 % et 39,7 % enregistrées respectivement en 2009 et 2011 ont également retenu notre attention. Des buds de cannabis ayant des teneurs en THC de plus de 30 % ont été découverts tous les ans, à l’exception de 2016.

Étant donné que même les variétés thérapeutiques cultivées n’atteignent pas de tels niveaux et que des buds comportant plus de 30 % de THC demeurent introuvables dans les coffeeshops néerlandais ou les dispensaires californiens, les teneurs maximales enregistrées à Berlin sont déconcertantes pour quiconque a pris soin d’examiner plus attentivement les teneurs en ingrédient actif de diverses variétés de cannabis. À l’heure actuelle, les variétés médicinales les plus puissantes d’Europe et du Canada présentent des teneurs respectives de 22 % et 26 %.

Maîtres-cultivateurs ou erreur de calcul ?

Deux mains tenant un sac en plastique plein de cannabis

Même la variété Godfather OG, le cannabis le plus puissant jamais testé au monde et lauréat de la High Times Cup dans la catégorie « Teneur en THC la plus élevée », pouvait « seulement » atteindre un résultat de 34 %. Avant 2016 et hormis cette variété conçue que récemment, les vainqueurs de cette catégorie n’avaient encore jamais atteint 30 %. À la lumière de ce qui précède, les teneurs élevées en THC persistantes dans le cannabis de Berlin, cultivé illégalement dans des conditions pires que celles de tous les lauréats et variétés thérapeutiques, sont renversantes.

Dans l’ensemble et à l’exception de 2016, les teneurs maximales en THC de l’herbe de Berlin sont plus élevées que dans toute autre variété analysée à travers le monde dans le cadre de programmes médicaux ou de Cannabis Cups. C’est là une raison suffisante pour interroger la police berlinoise sur les causes possibles de ces variations flagrantes. Son service de presse a répondu comme suit à une question en ce sens :

« L’analyse occasionnelle de mélanges d’herbe et de buds de cannabis comportant une grande proportion de buds peut justifier des teneurs élevées ponctuelles dans la marijuana. […] Si l’on compare à des analyses effectuées dans d’autres pays du monde, une « variation flagrante » ne peut être invoquée, car les données ne sont pas vraiment comparables sans une description précise des méthodes d’analyse et du produit analysé (feuilles, buds ou mélange des deux). […] »

En dépit d’un mélange de buds et de feuilles moins puissantes, les buds auraient présenté une teneur en THC encore plus élevée que 44 %, ce qui est déjà discutable.

Critères d’analyse

Un paysage urbain de couleur vibrant

Interrogé sur la façon dont les produits cannabiques saisis ont été analysés, le service de presse a répondu :

« Depuis maintenant plusieurs années, nous possédons une certification DIN EN ISO/IEC 17025 de l’instance d’accréditation allemande (DAkkS), laquelle couvre notamment l’analyse des narcotiques et la détermination des teneurs en ingrédient actif THC conformément à la certification émise par la DAkkS et portant le numéro D-PL-13241-01-00. Les échantillons sont examinés selon les dispositions des Directives relatives au contrôle de la qualité pour l’analyse chimique médico-légale des substances narcotiques et médicales (Guidelines on quality assurance for forensic chemical testing of narcotic and medical substances) de la Society of Toxicological and Forensic Chemistry (GTFCh) […]. »

Appelé à comparer, le service de presse a cité les résultats d’analyses de cannabis médical provenant du Canada et des Pays-Bas, lesquelles sont supervisées par l’Institut fédéral des médicaments et du matériel médical d’Allemagne. Ce cannabis est également analysé par des laboratoires certifiés DIN EN ISO/IEC 17025 et homologués conformément à la norme DIN EN ISO 15189. Émettre des doutes sur les teneurs comparatives n’accroît pourtant pas la crédibilité des déclarations de la police berlinoise au sujet des teneurs en THC du cannabis saisi. Lorsque cela leur a été souligné, le service de presse a ajouté :

« […] les résultats d’analyses d’échantillons provenant de plantations de cannabis illicites cultivant un grand nombre de variétés ne peuvent (être) comparés à ceux du chanvre cultivé dans des conditions contrôlées pour l’industrie pharmaceutique. De plus, à la suite d’une décision rendue par le tribunal régional supérieur et dans le but d’inclure les acides THC à activité non psychotrope qui se convertissent en THC à des températures plus élevées, la plupart des laboratoires médico-légaux utilisent la chromatographie gazeuse pour analyser les produits cannabiques contenant la substance psychotrope THC. Sinon, la chromatographie liquide à haute performance (CLHP) peut également être employée. Comme cette technique d’analyse comprend la séparation en forme liquide au moyen d’une colonne chromatographique à une température proche de la température ambiante, les acides THC ne sont pas convertis en THC. Le cannabinol (CBN), le cannabidiol (CBD), le THC et les acides THC sont donc mesurés et consignés séparément. Additionner le THC aux acides THC après la conversion produit ensuite la teneur réelle en THC, laquelle peut donc être plus élevée que lorsqu’on utilise les méthodes employées par d’autres laboratoires et que vous soulignez. »

Deux indicateurs différents, ou simplement deux méthodes différentes ?

Le dos d'un policier en uniforme observant une foule de personnes

Même si la teneur totale en acide THC était convertie en THC, la présence constante au cours des années de teneurs élevées en THC ne peut être justifiée, surtout si elles ont été rencontrées dans un mélange de buds et de feuilles. Des écarts de 10 % à 20 % dans les résultats d’analyses de laboratoires médicaux ne peuvent être uniquement attribuables aux diverses méthodes d’analyse de la teneur en acides THC. Pour donner une teneur maximale entre 33 % et 44 %, il faudrait que la teneur en acides THC soit presque aussi élevée que la teneur réelle en THC.

Si c’était vraiment le cas, les patients pourraient alors augmenter la teneur en THC de leur médicament à de tels niveaux au moyen d’une simple décarboxylation. Pourtant, même après une décarboxylation complète, il n’existe aucun cas documenté où le cannabis médical a présenté une teneur en THC aussi élevée que les teneurs maximales rencontrées à Berlin.

Si les teneurs respectent véritablement les critères légaux, alors soit elles sont aléatoires et loin d’être précises, ou pire encore, les analyses relatives aux patients et aux contrevenants emploient deux normes différentes. Les teneurs obtenues à Berlin amènent inéluctablement à suspecter que la teneur en THC dans les cas d’infractions criminelles ne reflète pas la réalité et est gonflée par l’utilisation de méthodes d’analyse irréalistes qui affectent l’attribution de la peine.

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Auteur

  • Michael_Knodt

    Michael Knodt

    Michael Knodt, établi à Berlin, est spécialisé dans le journalisme lié au cannabis et au chanvre. Au fil des années, il a beaucoup écrit sur le sujet pour divers magazines allemands et anglais (par ex. Vice-magazine, entre autres). Michael est le visage et le modérateur de DerMicha, la chaîne allemande populaire de YouTube sur le cannabis et sa prohibition.
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