Le cannabis en Eswatini – Législation, consommation et histoire

Le drapeau Eswatini et une plante de cannabis

Il est illégal de posséder ou de vendre du cannabis en Eswatini (anciennement Swaziland), mais le gouvernement a exploré la possibilité de le légaliser pour relancer l’économie. Le trafic de drogue illégal explose, notamment dans le nord du pays et à cause de la forte demande internationale pour le « Swazi Gold » (variété primitive aux effets puissants).

    • Capitale
    • Mbabane
    • Habitants
    • 1,555,000
    • Produits CBD
    • Illégal
    • Cannabis récréatif
    • Illégal
    • Cannabis médicinal
    • Illégal

Législation relative au cannabis en Eswatini

Peut-on détenir et consommer du cannabis en Eswatini ?

En vertu de l’Opium and Habit Forming Drugs Act (Loi sur l’opium et les drogues entraînant l’accoutumance) de 1922, il est illégal de posséder ou de consommer du cannabis en Eswatini (auparavant connu sous le nom de Swaziland). En cas de possession de cannabis, une peine de cinq mois de prison maximum peut-être prononcée.

Cependant, tout ceci est susceptible de changer à l’avenir. En 2015, le ministre Phiwayinkhosi Mabuza a appelé à légaliser le « dagga » (terme utilisé en Eswatini pour désigner le cannabis). Puis, en 2017, des législateurs ont annoncé qu’ils allaient à nouveau explorer la piste de la légalisation de la consommation du cannabis, dans le but de relancer une économie en difficultés.

Les spécialistes ont suggéré que, si la législation changeait, la légalisation du cannabis pourrait générer jusqu’à 23,4 milliards d’euros (1,63 milliard de dollars) par an. Ils ont aussi évalué que le produit intérieur brut de l’Eswatini pourrait tripler. Les autres retombées du cannabis ont également été mises en avant, y compris la production de vêtements et tapis, et sans oublier les potentiels bénéfices médicaux.

Le drapeau Eswatini, une paire de menottes et une plante de cannabis

Peut-on vendre du cannabis en Eswatini ?

La législation swazie relative à la vente ou à la fourniture du cannabis est beaucoup plus sévère. Ainsi, en cas de vente, de distribution ou de trafic de cannabis, le coupable est susceptible d’être condamné à un maximum de 15 ans de prison ou a une amende de 15 000 €. Ces lois sont définies dans le Pharmacy Act de 1929.

Peut-on cultiver du cannabis en Eswatini ?

Il est illégal de cultiver du cannabis en Eswatini, sous peine d’amende ou de peines de prison. Cependant, la culture du cannabis est répandue, principalement en raison de la grande pauvreté qui sévit dans le pays. Les données de la Banque mondiale indiquent que près de 40 % de la population d’Eswatini vit sous le seuil international de pauvreté (1,70 €/jour).

De nombreux exploitants agricoles comptent sur la culture du cannabis pour gagner leur vie, car cette plante génère un meilleur revenu que n’importe quelle autre culture. L’Eswatini est l’un des principaux pays producteurs de cannabis en Afrique australe.

Les autorités tentent régulièrement de détruire les plantations de cannabis. Cependant, la forte augmentation des cultures, associée au manque de moyens pour soutenir les efforts des forces de police, rend cette issue virtuellement impossible.

Cette situation pourrait changer à l’avenir. En 2017, l’Assemblée nationale swazie a exploré différentes options sur les bénéfices pratiques qu’apporterait la culture du cannabis, pour fabriquer par exemple des tapis et des uniformes. Elle a également étudié les bénéfices médicaux liés à la substance.

Le CBD est-il légal en Eswatini ?

La législation swazie ne fait aucune distinction entre le CBD et le cannabis, malgré le fait que le CBD ne contienne pas suffisamment de THC pour provoquer un « high ». Pour cette raison, il est illégal de consommer, d’acheter et de vendre du CBD dans le pays.

Blocs orthographiant CBD, un stéthoscope et trois bouteilles d'huile CBD

Est-il possible d’envoyer des graines de cannabis en Eswatini ?

Il est illégal d’acheter ou de vendre des graines de cannabis en Eswatini. Cela signifie également qu’il est illégal d’en envoyer par courrier.

Le cannabis médical en Eswatini

Il n’existe actuellement aucun programme pour le cannabis médical dans le pays. Le gouvernement swazi n’a pas annoncé son intention d’en proposer un dans le futur. Cependant, plusieurs ministres importants ont suggéré de légaliser le cannabis, pour toutes ses utilisations, afin de relancer l’économie.

Des militants locaux se battent pour faire légaliser le cannabis médical pour les patients séropositifs et atteints du SIDA. Madzabudzabu Kunene, coordinateur de la Eswatini AIDS Support Organisation à Hhohho a annoncé dans les médias : « Dans le cas de la séropositivité, le cannabis peut parfois stimuler le système immunitaire. Il est prouvé qu’il peut parfois stimuler l’appétit. »

Le chanvre industriel en Eswatini

Les autorités swazies réalisent qu’elles peuvent capitaliser le potentiel lucratif de la culture du cannabis dans leur pays en autorisant les exploitants agricoles à cultiver du chanvre industriel. En 2019, le ministre de la Planification économique et du développement a autorisé l’installation d’une ferme et d’une usine de traitement du cannabis médical en Eswatini. PSIQ possède maintenant une licence exclusive pour cultiver du cannabis dans le pays, afin qu’il soit exporté dans le monde entier.

La licence a été accordée sous certaines conditions :

  • La plantation et l’usine de traitement doivent suivre les normes de santé mondiales en termes de bonnes pratiques de fabrication.
  • La société doit créer un centre de formation et créer des postes pour la population locale.
  • La société doit également créer un laboratoire de recherche et de développement du cannabis médical.
  • La société doit distribuer le cannabis médical et le chanvre en Eswatini.

La licence exclusive de PSIQ est valable pendant dix ans. Pendant cette période, PSIQ peut cultiver, importer, exporter et distribuer du cannabis et effectuer des recherches, avec l’autorisation des autorités swazies.

Un tracteur récolte des plantes de chanvre

Dan Oran, PDG de PSIQ a déclaré : « Nous estimons que cette opportunité peut générer entre 20 et 30 millions de dollars (entre 18 et 27 millions d’euros) par an pour PSIQ, après la mise en place de nos installations. […] Nos premières fleurs devraient être prêtes à être vendues d’ici 12 mois. »

Bon à savoir

Si vous vous rendez en Eswatini (ou si vous y résidez), les informations suivantes sont susceptibles de vous intéresser :

  • La majorité de la population swazie a commencé à consommer des drogues (cannabis compris) entre 10 et 19 ans.
  • Le cannabis est plus souvent consommé par des hommes.
  • Le cannabis a traditionnellement été utilisé par les membres de tribus du pays depuis des centaines d’années.

Histoire du cannabis

Les spécialistes estiment que le cannabis est utilisé par les membres des tribus indigènes d’Eswatini depuis des siècles. Les marchands venus du Portugal et du Moyen-Orient ont importé le cannabis en Afrique de l’Est entre le Xe et le XVe siècle. Les marchands locaux l’ont ensuite fait circuler dans tout le continent.

Depuis lors, le cannabis n’a jamais cessé d’être consommé. Aujourd’hui, de nombreux Swazis consomment du cannabis, pour des motifs récréatifs ou médicaux, bien que cela soit illégal. Il est possible de se procurer du cannabis non compressé pour seulement 4 SZL (0,25 €)/gramme.

Comportements culturels

De nombreux Swazis ont un avis favorable sur le cannabis, qu’il soit consommé dans un but récréatif ou cultivé pour un motif financier. Aujourd’hui, il est souvent consommé avec du tabac dans un joint ou une pipe faite d’une bouteille en verre cassée. Lorsqu’il est fumé dans une bouteille, il est parfois mélangé avec du Mandrax (un sédatif, la méthaqualone, aussi connu sous le nom de Quaalude).

Bien que la majorité de la population swazie ne considère pas la consommation du cannabis comme un problème, le gouvernement a par le passé déclaré à plusieurs reprises que le cannabis était une « drogue douce » dangereuse. Cela a donné à la population swazie une opinion plus négative du cannabis, bien que la substance soit consommée depuis longtemps.

Qu’est-ce que la Swazi Gold ?

La Swazi Gold est la variété primitive de cannabis sativa la plus connue d’Eswatini (on ignore encore si elle sera renommée Eswatini Gold). Elle possède des taux élevés de THC (entre 18 et 27 %) et produit de puissants effets, durables. 

Une plante de cannabis en or swazi

Ses plants sont faciles à identifier. Ils sont habituellement très grands et leurs fleurs sont généralement allongées et en forme de bâtonnets. Ses délicates feuilles qui s’enroulent ressemblent à la variété primitive thaïe, et sont en majorité vert foncé, avec des pistils marron et rouge. Elles dégagent une odeur fruitée et acidulée. Lorsqu’elles sont broyées, les boutons dégagent une forte odeur de Skunk.

D’après les consommateurs, la Swazi Gold agit rapidement, est cérébrale et réconfortante. Cependant, il est difficile de s’en procurer, notamment pour les personnes ne résidant pas dans le pays. Lorsqu’il est cultivé en extérieur, la récolte des plants se fait à la fin du mois d’octobre ou début novembre.

Les plants sont généralement cultivés sans engrais ou pesticides, mais parfois avec du fumier ou de la cendre de bois. La popularité de la Swazi Gold a eu pour conséquence de faire augmenter la culture du cannabis dans la région. Des modèles génétiques étrangers sont introduits par des « éleveurs » cherchant à créer des variétés avec des périodes de floraisons plus courtes.

Le commerce illégal du cannabis en Eswatini

Bien que la culture du cannabis soit illégale en Eswatini, les exploitants agricoles prennent parfois le risque d’en faire pousser. Le potentiel lucratif est parfois trop attirant pour les Swazis vivant dans la pauvreté.

La Swazi Gold, la variété la plus répandue, est cultivée dans les régions montagneuses isolées situées au nord du pays. Les trafiquants l’introduisent en Afrique du Sud, où elle est ensuite acheminée en Europe et en Amérique du Nord.

Une ligne de personnes faisant la queue en dehors d'un bâtiment

Les autorités ont essayé de prendre des mesures et de répandre de l’insecticide sur des plantations entières pour ralentir leur croissance. Mais ces efforts se sont pour l’instant révélés inefficaces.

L’inspecteur Ngwane Dlamini, à la tête de la police judiciaire de Hhohho (région du nord) a déclaré à IOL : « Nous ne pouvons pas remporter cette guerre. Nos actions sont une goutte dans l’océan : la population est pauvre, et elle peut gagner beaucoup plus d’argent avec la marijuana qu’avec le maïs ou des légumes. »

D’après le Council Against Drug and Alcohol Abuse, environ 70 % des petits exploitants agricoles de la région cultivent du cannabis illégalement.

Et cette situation devient de plus en plus fréquente. Les grands exploitants agricoles qui cultivent du cannabis ont recours à des armes à feu illégales pour protéger leurs plantations des raids, ce qui provoque une augmentation des attaques à main armée. Les forces de police indiquent que des centaines de plantations de cannabis sont établies à travers le pays, parfois dans des endroits reculés, difficiles d’accès.

Le cannabis sera-t-il légalisé ?

Certains politiciens swazis ont fait part de leur avis favorable pour la légalisation du cannabis, en mettant en avant l’impact positif de l’industrie du cannabis sur l’économie.

Cependant, sa consommation est toujours vue de manière très négative. Depuis de nombreuses années, le gouvernement présente le cannabis comme une substance dangereuse, ce qui rend sa légalisation épineuse.

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    L’équipe de rédaction de Sensi Seeds regroupe des botanistes, des experts médicaux et juridiques ainsi que certains des activistes les plus renommés tels Dr Lester Grinspoon, Micha Knodt, Robert Connell Clarke, Maurice Veldman, Sebastian Marincolo, James Burton et Seshata.
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  • Maurice_Veldman

    Maurice Veldman

    Maurice Veldman est membre de l’Association néerlandaise des avocats criminalistes et il est l’un des avocats en matière de cannabis les plus réputés des Pays-Bas. Avec ses connaissances du droit administratif et pénal acquises au cours de 25 années d’expérience, il défend les vendeurs de cannabis et les producteurs de chanvre en faisant valoir les inégalités entre les individus et l’Etat
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