Top 10 des mutations de cannabis les plus étranges

Plante de cannabis poussant à l'extérieur contre la lumière du soleil

Les maladies, les infestations de ravageurs, un mauvais environnement ou des carences peuvent donner une drôle d’apparence aux plantes de cannabis. Mais cet article traite des mutations de l’ADN qui donne des plantes à l’apparence encore plus étrange !

L’ADN d’une plante contient toute l’information génétique permettant son développement et son fonctionnement. L’ADN est une molécule à double hélice composée de deux brins enroulés l’un autour de l’autre et liés ensemble par des « barreaux » appelés des paires de bases. Une seule molécule d’ADN, un chromosome, contient des centaines de gènes, chacun étant composé de milliers de paires de bases. Il y a mutation lorsque l’ADN d’une plante est altéré.

Il y a deux types de mutations d’ADN : un type affecte les gènes et l’autre, les chromosomes. La mutation génétique implique un changement dans la séquence des bases d’un brin d’ADN. La mutation chromosomique peut prendre plusieurs formes : il peut y avoir changement dans l’ordre des gènes d’un chromosome ; les gènes peuvent être dupliqués ou effacés ; les gènes peuvent même se libérer d’un chromosome et se lier à un autre. Un autre type de mutation, la polyploïdie (discutée en détail plus bas), fait augmenter le nombre de chromosomes.

Les mutations génétiques et chromosomiques surviennent naturellement, mais rarement. La fréquence des mutations augmente lorsque l’ADN est endommagé par des agents mutagènes qui sont généralement des composés chimiques tels la colchicine, la caféine ou le gaz moutarde, ou encore par les rayons UV, les rayons X ou la radiation par rayons gamma.

Souvent, les altérations de l’ADN nuisent aux plantes et ne sont pas transmises d’une génération à l’autre. Mais quelques fois les mutations aléatoires produisent des traits désirables ou inoffensifs qui peuvent être stabilisés par croisements sélectifs ou en vertu de la sélection naturelle. Des variétés exceptionnelles peuvent parfois résulter de mutations aléatoires bénéfiques.

Cet article traite des mutations aléatoires qui affectent occasionnellement un seul individu et des mutations qui ont été stabilisées par la sélection naturelle ou les croisements sélectifs.

1) Phyllotaxie spiralée

Phyllotaxie est le terme botanique décrivant la disposition des feuilles sur la tige. Leur disposition peut être opposée ou alterne (ou spiralée). En phyllotaxie opposée, les feuilles sont disposées deux par deux sur un seul nœud, alors qu’en alterne, il n’y a qu’une feuille par nœud. La phyllotaxie spiralée est une mutation relativement courante où chaque nœud porte trois feuilles ou plus au lieu d’en porter deux comme c’est normalement le cas. En plus des feuilles supplémentaires, un rameau émerge aussi de chaque nœud, ce qui crée des plantes extra touffues !

Mutation de phyllotaxie à pots-de-vin
Mutations de cannabis – Phyllotaxie spiralée

Le caractère spiralé est très joli et accroît parfois les récoltes, mais les breeders le considèrent souvent comme inutile puisqu’il est impossible de le stabiliser pour produire des variétés hybrides à caractère stable.

2) Feuilles palmées

Les feuilles de la variété de cannabis appelée Ducksfoot (feuilles palmées) étant très larges et palmées, elles rappellent les doigts palmés des canards, d’où ce nom imagé ! Durant sa croissance végétative, le Ducksfoot (et tous les croisements qu’il a engendrés) ne ressemble en rien à une plante de cannabis, et même en pleine floraison, son apparence et son odeur sont très trompeuses.

La mutation de cannabis de feuille de cannabis
Mutations de cannabis – Feuilles palmées

La mutation qui cause les feuilles palmées est considérée comme utile puisqu’elle peut servir à créer des variétés de lignées pures qui permettent aux cultivateurs de camoufler leurs plantes de cannabis sans sacrifier la puissance.

3) Plantes rampantes

Le phénotype dit rampant (creeper) est issu d’une mutation étrange qui affecte généralement les variétés tropicales. Les mutants deviennent extrêmement gros dans des conditions d’humidité excessive. Au lieu de consacrer leur énergie à la production d’un gros cola central, certaines de ces variétés tropicales ont tendance à produire de lourdes branches inférieures qui s’arquent et touchent le sol. Une fois par terre, elles continuent leur croissance et peuvent même former de nouvelles racines aux endroits où la face inférieure de la tige est en contact direct avec le sol !

Plante de cannabis avec mutation grimpante
Mutations de cannabis – Plantes rampantes

Le phénotype rampant peut s’avérer utile puisqu’il permet un certain camouflage et le racinement des branches inférieures peut aussi conférer une meilleure vigueur à la plante. Cependant, il s’agit d’un phénotype rare, et il n’a engendré aucune variété connue.

4) Cannabis Australian Bastard

Selon l’information retrouvée sur les forums Internet, cette mutation rare et particulière a été découverte dans les années 70 ou 80 en campagne près de Sydney (Australie).  Représentant certainement le cas le plus étrange de mutation, la plante affectée – appelées non officiellement cannabis australis ou Bindi Buds – prend la forme d’un buisson et non pas d’un arbre de Noël, comme c’est généralement le cas. Ses feuilles lisses et luisantes comme celles d’un succulent ne sont pas dentelées, et les folioles ne dépassent pas 5 cm de longueur.

Cannabis bâtard australien dans un pot
Mutations de cannabis – Cannabis Australian Bastard

La forme inusitée des feuilles est associée à une meilleure vigueur et résistance au froid, et en effet, ce mutant se retrouve dans les régions les plus froides, dans le sud de l’Australie,  en Nouvelle-Galles-du-Sud et à Victoria.

Lorsque la plante a été introduite dans le reste du monde dans les années 90, elle a été surnommée Australian Bastard Cannabis (ABC).

L’Autralian Bastard originale avait des taux de cannabinoïdes bas, mais des breeders clandestins sont parvenus à mettre au point une plante qui y ressemble beaucoup avec des taux de THC significativement plus élevés.

Faisant sensation dans les cercles de cultivateurs au moment de sa découverte il y a environ une dizaine d’années, l’effet de vague s’est vite estompé lorsque les programmes initiaux de croisement n’ont pu parvenir à créer des variétés au potentiel commercial. Les breeders se sont rendu compte que la forme inusitée des feuilles constituait un caractère très récessif rarement transmis à la descendance. Cependant, la vigueur et la résistance au froid de l’ABC étaient passées d’une génération à l’autre.

5) Cannabis de type « vigne »

Les choses s’obscurcissent un peu à partir d’ici. Plusieurs des breeders clandestins qui avaient procédé à des expériences avec la génétique de l’Autralian Bastard ont affirmé avoir obtenu des croisements qui avaient des caractéristiques de vigne, incluant la capacité de produire des tiges pouvant s’enrouler les unes sur les autres.

Mutation de cannabis en forme de vigne poussant dans un pot
Mutations de cannabis – Cannabis de type « vigne »

Cette mutation est extrêmement rare et ne semble avoir été rapportée que lors de ces quelques expériences anormales. Outre sa rareté et son apparence étrange, ce type « vigne » ne semble procurer aucun avantage, et aucune variété commerciale n’a été développée.

6) Buds foliaires

Habituellement, les fleurs de cannabis se développent aux nœuds, aux mêmes endroits à partir desquels se développent les pétioles (les tiges des feuilles). Cependant, une mutation relativement commune cause la formation de buds à l’extrémité opposée du pétiole, c’est-à-dire à la base même des feuilles. On l’appelle parfois la mutation à « califourchon ».

Plante de cannabis avec mutation des bourgeons de feuilles
Mutations de cannabis – Buds foliaires

Cette mutation est particulière et d’aspect intéressant, et souvent, elle est perçue comme étant avantageuse en raison du nombre accru de bourgeons floraux. Dans les faits, il est préférable d’enlever ces feuilles aussitôt qu’elles apparaissent puisque les buds qui se formeront à ces endroits seront petits et priveront la plante de nutriments qui seraient mieux utilisés à la formation de fleurs principales.

7) Polyploïdie

Un organisme polyploïde possède un plus grand nombre de chromosomes que possède normalement l’espèce à laquelle il appartient. La polyploïdie est à l’origine du phénomène de vigueur des hybrides qui permet, par le croisement de deux espèces étroitement liées, d’obtenir de meilleures récoltes et une résistance accrue à la sécheresse ou aux maladies. Par exemple, le blé dur utilisé pour faire des pâtes est une forme polyploïde de blé créée à partir du croisement de deux espèces différentes de graminées possédant chacune un nombre typique de chromosomes.

Le cannabis est une plante diploïde possédant deux ensembles de chromosomes. La polyploïdie spontanée peut survenir, quoique très rarement, suite à une anomalie de la division cellulaire au cours du développement. Elle peut aussi être induite en traitant une plante au développement normal avec de la colchicine, une substance mutagène chimique puissante. La colchicine est très toxique et ne devrait être manipulée que par ceux qui comprennent les risques et savent comment les éviter !

La polyploïdie est extrêmement répandue dans la culture de fruits et de légumes, et deux applications potentielles de cette mutation ont été considérées dans la culture du cannabis : les tétraploïdes pour de meilleures récoltes et une plus grande puissance et les triploïdes pour des fleurs sans graines.

Les plantes tétraploïdes (avec quatre ensembles de chromosomes) ont le potentiel de donner de meilleures récoltes et d’être plus puissantes. Ce phénomène a été étudié par Buddha Seeds et rapporté dans les forums du magazine International Cannagraphic. Cependant, les plantes tétraploïdes n’ont offert aucun avantage convaincant par rapport aux versions diploïdes. Ce n’est pas la seule étude qui a mis en doute les idées reçues à propos du fait que les tétraploïdes soient plus puissantes que les diploïdes : une étude portant sur le polyploïdisme dans les plantes de chanvre a trouvé que les individus tétraploïdes contenaient plus de protéines, d’amidon et de flavonoïdes que les individus diploïdes, mais moins de THC.

Le croisement d’un tétraploïde avec un diploïde donne des individus triploïdes (3 ensembles) stériles et sans graines, ce qui ouvre la possibilité excitante de produire des plantes sinsemilles – sans graine – dans un champ de mâles et de femelles. Dans le cas du cannabis, les triploïdes ont effectivement affiché un nombre réduit de graines comparativement aux diploïdes, mais en rien ne contenaient-ils aucune graine comme on le veut en production sinsemille.

8) Cannabis « filamenteux »

Les calices de cannabis dit filamenteux se développent sur la longueur des branches au lieu de pousser en amas. De telles plantes sont moins productives et la récolte est plus difficile à effectuer, mais les fleurs peuvent être très puissantes. La variété sativa ancestrale nommée Dr Grinspoon en l’honneur de Lester Grinspoon, auteur de livre révolutionnaire Marihuana Reconsidered (1970) porte des buds filamenteux, c’est sa forme de croissance habituelle.

Cette tendance « filamenteuse » semble affecter principalement les lignées sativas intensément croisées de provenance de l’Asie du Sud-Est et de l’Amérique du Sud. De telles variétés prennent beaucoup de temps à fleurir, affichent un haut taux d’hermaphrodisme et procurent de très petites récoltes – mais l’unicité de leur apparence, arôme et effet leur vaut tout de même une nette appréciation chez les amateurs de cannabis.

9) Semis jumeaux

Une autre mutation commune qui affecte le cannabis est la polyembryonie des graines. Ces graines renferment plus d’un embryon, et lorsqu’elles germent, elles surprennent certainement les cultivateurs qui constatent le développement de deux racines principales au lieu d’une seule.

Semis de cannabis avec mutation de semis jumelles poussant à partir du sol
Mutations de cannabis – Semis jumeaux

Une journée ou deux suivant la germination, il est possible de libérer délicatement les deux plantules de leur péricarpe et de les séparer. Elles se développeront normalement en deux plantes saines – fait intéressant, alors qu’une d’elles héritera des traits des deux parents, l’autre sera un clone de la mère.

Bien qu’il soit plus commun d’obtenir des jumeaux, des triplets ont aussi déjà été obtenus. Cette mutation est digne d’intérêt, mais n’offre pas de véritable avantage aux breeders. Apparemment, aucune tentative n’a été faite pour développer une lignée pure affichant la polyembryonie.

10) Albinisme & panachure

Incontestablement la plus magnifique des mutations spontanées, la panachure survient lorsque certains des gènes contrôlant la production de chlorophylle et d’autres pigments n’expriment pas les couleurs typiques. Ainsi, les feuilles et les buds de ces mutants affichent une alternance de sections pigmentées et non pigmentées.

Une personne tenant une feuille de cannabis avec une mutation de variété
Mutations de cannabis – Panachure

Dans des cas extrêmes, les gènes qui contrôlent la production de chlorophylle peuvent tous être désactivés, ce qui entraîne des plantes entièrement albinos. Cependant, les plantes qui dépendent de la photosynthèse pour survivre ne peuvent se développer en cas d’albinisme, puisque le phénomène de la photosynthèse repose sur la présence de chlorophylle.

La panachure est jolie, mais considérée comme inutile et même défavorable puisqu’elle réduit les capacités photosynthèse de la plante, ce qui compromet sa santé et son rendement.

Cependant, certaines preuves attestent que la coloration blanche que prennent les extrémités des fleurs en culture sous éclairage DEL à forte intensité peut être la conséquence de mécanismes génétiques. Des tests effectués sur ces extrémités blanches auraient révélé des taux de cannabinoïdes et de terpènes plus élevés que les taux observés dans des parties normales de la même plante – prouvant que les tissus de coloration blanche ne seraient pas défavorables ! Bien sûr, plus de recherches et de tests devront être faits pour déterminer exactement la relation entre un éclairage de haute intensité, la génétique et la panachure.

Nous espérons que vous avez aimé notre sélection de mutations cannabiques inhabituelles – et si vous tombez sur un représentant de ces types de mutations, décrivez-le dans la section de commentaires ci-dessous !

La mise à jour de cet article s’appuie sur les contributions du scientifique indépendant Dr Gavin Macfie, et ce, à des fins d’exactitude et de rigueur académique.

  • Disclaimer:
    Les lois et règlements régissant la culture du cannabis différent d’un pays à l’autre. Ainsi, Sensi Seeds vous recommande fortement de vérifier les lois et règlements de votre région. Ne contrevenez pas à la loi. 

Comments

2 réflexions sur “Top 10 des mutations de cannabis les plus étranges”

  1. Mini Pousse

    Bonjour !
    Tout d’abord merci pour votre article,
    J’ai un petit problème et je ne trouve pas grand chose (à ma grande surprise) sur le net qui puisse m’aider. Voilà, j’ai pu observer ce phénomène de feuilles palmées sur l’une de mes plantes (variété Moby Dick) en culture intérieure, apparu pendant la croissance (elle en a deux sur la 3ème rangée de feuilles) ce qui m’inquiète étant donné que je ne connais pas ce problème – s’il en est un. Phénomène encore plus étrange : sur une autre de mes plantes j’ai pu observer que quelques feuilles n’étaient pas divisées en nombre impaire comme elles le devraient (selon la rangée elles devraient avoir 5 branches) mais à la place elles sont divisées en 4 branches seulement à ma grande stupéfaction.
    Est-ce grave docteur ? Que puis-je faire face à cela ? Mes plantes sont-elles en danger ?

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