En Californie, du cannabis cultivé à l’extérieur a, pour la première fois, été reconnu comme déclencheur d’une maladie dangereuse. Une étude qui a attiré peu d’attention jusqu’ici démontre qu’une femme est tombée gravement malade après avoir fumé du cannabis contaminé. Qu’est-il vraiment arrivé et comment les consommateurs peuvent-ils se protéger ?
Rapportée par le Daily Mail en janvier dernier, une étude de cas a démontré que du cannabis infecté par un champignon a causé une infection fongique à une Californienne. Les symptômes et l’évolution de la maladie, dite fièvre de la vallée, sont similaires à ceux de la méningite.
Toutefois, cette affection n’est normalement pas mortelle chez les personnes en bonne santé. Elle est causée par le champignon Coccidioides immitis, lequel pénètre dans le corps à partir de poussières d’excréments de souris ou de nourriture contaminés.
Le British Medical Journal a publié cette étude de cas largement ignorée jusqu’ici, laquelle fait état d’une femme de 48 ans traitée au cannabis qui fumait, semble-t-il, jusqu’à six blunts par jour (c.-à-d. du cannabis pur enveloppé d’une feuille de tabac).
À la suite de l’apparition de premiers symptômes pseudogrippaux, comme les étourdissements et l’épuisement, la patiente est devenue agressive. Puis, à mesure que la maladie progressait, elle n’arrivait plus à se souvenir de son propre nom. Bien qu’on ait ignoré au départ la cause de l’infection de la patiente, les médecins ont diagnostiqué une coccidioïdomycose quelques semaines plus tard. Entre-temps, la patiente s’était rétablie.
Les plantes, porteuses de spores
Le champignon Coccidioides immitis est présent dans le sol, notamment dans les nombreuses régions arides de la Californie. Il est un déclencheur de la coccidioïdomycose, plus communément connue sous les noms cocci, fièvre de la vallée, fièvre californienne et fièvre du désert. Les plantes qui croissent dans un sol infecté par Coccidioides immitis deviennent inévitablement porteurs de ses spores.
Une fois que les médecins ont établi le diagnostic préliminaire, ils ont analysé les échantillons de cannabis de la patiente provenant du dispensaire de Bakersfield en Californie. La présence de spores du Coccidioides immitis et du tout aussi dangereux Cryptococcus neoformans ont été détectés dans toutes les variétés.
D’ailleurs, 20 variétés recueillies au dispensaire présentaient un niveau élevé de spores de moisissure, et le laboratoire qui a effectué les analyses a également trouvé des taux élevés de traces de pesticides dans plus de 90 % des plantes.
À la suite de l’analyse minutieuse de ce cas, les médecins reconnaissent maintenant que les spores du champignon survivent aux températures élevées d’un joint brûlant, et qu’ils ont donc pu infecter la femme. Ce n’est pas la première fois que du cannabis cultivé à l’extérieur en Californie est soupçonné de transmettre ce champignon dangereux.
Cependant, jusqu’à la publication de cette étude de cas, il était présumé que seules les personnes ayant un système immunitaire affaibli risquaient d’être infectées par du cannabis contaminé par un champignon. Ceci signifie que le cas de la femme de 48 ans est le premier cas où il est démontré qu’une personne ayant un système immunitaire intact peut contracter la fièvre de la vallée en inhalant du cannabis contaminé par le champignon.
Comment déterminer si du cannabis est contaminé ?
Le médecin qui a dirigé l’étude, le docteur Bryan Shapiro, recommande aux patients de ne consommer que des produits contrôlés et cultivés à l’intérieur :
« Assurez-vous de connaître la provenance de votre cannabis. Je recommande l’achat de variétés d’intérieur. Pour les personnes ayant un faible système immunitaire, comme les patients séropositifs ou ceux souffrant d’autres infections, je recommanderais d’éviter complètement l’inhalation de produits cannabiques. D’autre part, les produits comestibles sont probablement plus sécuritaires. »
Vous souhaitez en savoir plus sur les moyens pour détecter si votre cannabis est contaminé ? (lien ajouté)
Cannabis sain – où le trouver ?
En Europe, seules les variétés d’intérieur cultivées au Canada et aux Pays-Bas à des fins médicales sont actuellement analysées pour déceler la moisissure et les pesticides. En outre, très peu de coffeeshops néerlandais et de clubs sociaux cannabiques espagnols fournissent les résultats des analyses de leurs produits.
Puisque le cannabis est seulement toléré dans ces deux pays, aucune directive gouvernementale n’est en place, contrairement au Colorado, à la Californie et à la Colombie-Britannique. Dans le meilleur des cas, ce sont simplement certains militants très engagés dans le milieu cannabique qui réclament plus de transparence.
Le Canada et la plupart des Etats américains exigent que les producteurs fournissent des analyses de laboratoire avant de pouvoir vendre leurs produits. Là où la vente de produits cannabiques aux adultes est autorisée et règlementée, le type d’analyse exigé pour un usage récréatif est le même que pour un usage médical.
« Les patients qui luttent déjà contre une maladie grave n’ont vraiment pas besoin de problèmes supplémentaires liés à leurs médicaments », remarque Bonni Goldstein, spécialiste américain des cannabinoïdes, à propos des problèmes causés par des buds coupés ou autrement contaminés.
« Ils ne devraient pas avoir à se demander si les produits qu’ils consomment sont contaminés ou toxiques. Les dispensaires médicaux aident les patients à trouver le bon médicament. Il leur incombe également d’identifier les produits dangereux et de n’offrir que des produits analysés. »
Malheureusement et de plus en plus fréquemment, nous entendons ou lisons des nouvelles internationales concernant des buds de cannabis contaminés qui se retrouvent dans les boutiques. En revanche, ces cas sont aujourd’hui souvent dénoncés alors que par le passé, ces produits se seraient retrouvés sur le marché noir sans qu’aucune question ne soit posée.
Aux Pays-Bas et en Espagne, le problème devient plus important et évident que jamais en raison du manque de contrôle et de la zone grise juridique, laquelle ne comporte aucune vérification.
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